C’était un peu le salon de la reprise. Le nombre de visiteurs aurait atteint environ 140.000 personnes, alors qu’il était descendu à moins de 110.000 en 2008, puis remontait lentement la pente depuis. Cela se voyait dans les allées, dans les conférences de presse, et même dans le trafic routier très congestionné de Las Vegas. Le salon est plein d’innovations mais, comme d’habitude, on n’y découvre pas d’innovations de rupture. L’innovation est un processus graduel, permanent. Avec des soubresauts, des phénomènes d’expansion ou de reflux. C’est un peu ce que l’on pouvait observer au CES cette année concernant la 3D, les télévisions connectées, les interfaces utilisateurs, tout comme avec les tablettes et mobiles. La paradoxe du “rien de vraiment nouveau” couplé à “plein de nouveautés” !
La vidéo 3D était mise en valeur par l’ensemble des constructeurs qui veulent pousser très proactivement leurs nouvelles offres associées auprès des consommateurs. Cela concerne évidemment les écrans, mais aussi les sources (lecteurs Blu-ray, set-top-boxes) tout comme les moyens de capture qui se multiplient pour le grand public avec de nombreuses caméras (Sony, Panasonic, JVC, etc.) et quelques appareils photo qui fonctionnent en 3D (notamment chez Sony).
Du côté de l’affichage, le débat fait rage sur les mérites respectifs des lunettes actives et passives, j’y reviendrai dans le rapport. On trouve des solutions d’affichage sans lunettes dites “auto stéréoscopiques” mais elles sont toujours très moyennes. Il faut dire que c’est un problème technique assez difficile – voire impossible – à résoudre. On se console donc avec des lunettes 3D stylées que l’on peut trouver chez Samsung, LG Electronics, tout comme chez une myriade de sociétés plus spécialisées, dont, surprise, Polaroid qui en lançait une paire conçue par Lady Gaga, venue sur leur stand et attirant une foule considérable.
La grande nouvelle du CES 2011, c’est que Google TV n’est plus l’épouvantail de l’industrie qu’il incarnait depuis son lancement en avril 2010. Tout du moins, pour l’instant. À la fois parce que quasiment aucune solution nouvelle le mettant en œuvre n’était annoncée (à part Samsung qui présentait en catimini un boitier “over the top” et un lecteur Blu-ray sous Google TV), Google ayant demandé à ses partenaires constructeurs de repousser leurs annonces. Mais aussi parce que la solution est pour l’instant assez décevante à l’usage, tout du moins lorsque l’on souhaite consommer de la télévision “à l’ancienne” et pas juste sur YouTube. J’ai pu le constater chez Sony, Logitech et Dish Network, les trois stands où Google TV était exploitable.
En conséquence de quoi, on pouvait observer les TV connectées qui continuent de s‘améliorer “en silo” chez les grands et petits constructeurs, comme chez LG Electronics dont la LG SmartTV semble être une des plus abouties de ces solutions (ci-dessous).
J’ai pu également regarder de près l’offre IPTV multi-écrans de Verizon (FiOS) qui a l’air d’être assez complète, avec les chaines des grands networks disponibles en streaming live sur iPad et autres écrans mobiles. Comme quoi, à l’instar de nos FAI en France, les opérateurs télécoms ont encore leur rôle à jouer dans les TV connectées.
Comment piloter sa TV ou sa set-top-box, tout comme ses consoles de jeu ? Les commandes gestuelles étaient très présentes sur le salon. Résultat de l’effet “Kinect”, la solution de Microsoft pour la XBOX 360 qui s’est vendue à 8 millions d’exemplaires en deux mois, un record dans la sortie d’un nouveau produit grand public. Derrière ces solutions, on trouve des fournisseurs de technologies comme l’israélien PrimeSense à l’origine de Kinect et qui licencie à tour de bras sa technologie de chipset et son reference design, notamment chez Asus (ci-dessous). Vous risquez donc de la voir apparaitre un peu partout. Sans compter les technologies des concurrents de Prime Sense qui utilisent le “Time of Flight” pour détecter les mouvements (nous y reviendrons…).
On trouvait aussi sur le salon un très grand nombre de petits claviers sans fil. Beaucoup plus que les années précédentes. Que ce soit pour s’interfacer avec une tablette, un smartphone ou un PC media center.
Je ne vous apprendrai rien en vous indiquant que l’on trouvait plein de tablettes au CES.
La plupart étaient sous Android et notamment dans la version Honeycomb qui supporte bien les interfaces tactiles. On en trouvait autant chez les grandes marques (Samsung, LG, Panasonic, Acer, Asus, etc.) que chez les sociétés chinoises qui les fabriquent en standard (OEM) ou sur mesure (ODM). À ceci près que les tablettes bas de gamme sont en général équipées de processeurs bas prix anémiques. Il faut s’en méfier.
Un phénomène intéressant : la frontière entre smartphones et tablettes voire netbooks s’amenuise. Il est incarné par l’Atrix de Motorola, son nouveau smartphone sous Android qui présente la particularité d’être associable à une docking station en forme de netbook très plat (ci-dessous). C’est très séduisant comme concept.
On trouvait aussi des tablettes sous Windows avec ou sans clavier, notamment chez Dell, Samsung et Asus. Peut-être un revival des “Tablet PC” qui n’ont jamais vraiment percé sur le marché.
Côté ebooks, j’ai été surtout bluffé par l’écran e-paper en couleur Mirasol de Qualcomm (ci-contre), présenté pour la première fois au CES. On attend toujours les ebooks qui en seront équipés. La production de ces écrans, pour l’instant au format 7 pouces, aurait déjà démarré donc cela ne devrait pas tarder.
Les constructeurs d’ebooks se différencient maintenant plutôt dans les offres de contenus que dans leur matériel, tellement ils sont standardisés autour des écrans provenant d’e-ink.
Le phénomène est très marquant. On trouve Android mis à toutes les sauces : dans les tablettes, dans les smartphones, dans certains netbooks, dans les TV et certaines set-top-boxes et même dans les autoradios. Sa gratuité n’y est pas pour rien. Mais peu d’appareils sont certifiés Google et chacun a son propre “Application Store”. Je vous explique pourquoi dans mon rapport CES 2011.
Ce salon marquait aussi la montée en puissance de la 4G dans la mobilité. Elle est poussée par les opérateurs (Verizon, Sprint, etc) comme par les constructeurs (Samsung, LG, etc). Avec des déploiements qui vont varier d’un pays à l’autre. On pouvait cependant noter l’absence d’AT&T sur le salon.
Un grand nombre des innovations évoquées ont comme origine les évolutions des processeurs embarqués. Leur rôle est critique et je vais le décrypter dans mon rapport.
On trouvait au CES des sociétés comme Intel mais aussi Qualcomm, Broadcom, ST Microelectronics, Marvell, Atheros, qui ont toutes des offres intéressantes. Qualcomm, encore lui, propose maintenant son System On Chip Snapdragon en version bi-coeur, que l’on retrouvait dans divers smartphones. Idem dans la TV, où les Atom Sodaville et Groveland (Intel), le 7225 de Broadcom et le 7108 de ST Microelectronics rendent possibles la création des set-top-boxes de la nouvelle génération.
Le rôle de ces processeurs embarqués est tel que Microsoft a annoncé au début du salon le support de certains d’entre eux, notamment sur architecture ARM, dans la prochaine version 8 de Windows.
Il faut aussi noter le rôle tout aussi critique des capteurs : gyroscopes, GPS, accéléromètres, capteurs de pression, de luminosité, qui s’intègrent dans tous ces objets numériques. Ces nouveaux capteurs sont notamment utilisés dans un tas de solutions dédiées à la santé, assez nombreuses sur le salon.
J’ai même vu un nanocomposant de spectrographie qui pourrait servir à améliorer le calcul automatique de la balance des blancs dans les appareils photos.
Le « crapstore » est un diminutif décrivant la variété de ces gadgets matériels qui complètent les produits Apple. On en trouve une quantité toujours incommensurable, avec la nouveauté de l’iPad à laquelle tout “l’after market” s’est adapté en juste quelques mois.
Il y a bien entendu plein de trucs classiques sans grand intérêt (les pochettes en cuir, les coques en couleur, les stations d’accueil) mais d’autres gadgets peuvent être plein d’ingéniosité ou surprendre. Il en va ainsi de ce système de karaoké pour iPad (ci-dessous). La liste est très longue et vous aurez droit à un reportage photo complet de ces gadgets dans le Rapport CES.
Il y avait beaucoup de Français au CES 2011, autant visiteurs qu’exposants. J’ai découvert pas mal de sociétés françaises qui exposaient pour la première fois, sans compter les Français qui dirigent des PME innovantes à l’étranger (USA, Hong-Kong). Mon inventaire des sociétés françaises exposant bat des records depuis que je visite le CES (2006). C’est un signal très encourageant du dynamisme de nos PME innovantes.
Parrot est l’une d’entre elles et est bien connue pour exploiter le CES pour ses grands lancements. La société a encore marqué des points avec le lancement de son autoradio sous Android, l’Asteroid (ci-dessous).
Voilà pour commencer. Ce salon reste un émerveillement tellement on y croise de nouveautés, même si elles ne sont pas radicales. Les usages numériques sont infinis, les combinatoires illimitées. Il faut juste savoir conserver le regard d’un enfant émerveillé lorsque l’on visite le salon. Sans compter cette folle ville qu’est Las Vegas.
Le rapport exploite une base de 4.400 photos, 190 vidéos et 120 Go de contenus à trier, captés avec mon Canon 5D Mark II. Du pain sur la planche ! Vous pouvez télécharger le rapport de Olivier Ezratty :
Vous pouvez aussi regarder les interviews sous Skype réalisées avec notre ami à tous Jean-Michel Billaut pendant toute la durée du salon (Day 1, Day 2, Day 3, Day 4 et Day 5) !
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Article initialement publié sur le blog Opinions Libre
>> photos de Olivier Ezratty / image de clé CC TechCocktail
]]>Elles lèvent ainsi les boucliers pour éviter la “googlization” de leur business, à savoir la fuite de leurs revenus publicitaires vers le numéro un de l’Internet. Aux USA, les principaux networks de chaînes TV, celui de Viacom (MTV, etc) ayant réagi en dernier, n’y sont pas allés par quatre chemins. Point de charte, mais un simple refus de voir leurs contenus exploitables via Google TV, assorti d’un blocage technique de cet usage (limité en tout cas à la web vidéo streamée et non à celle qui est broadcastée, qui n’est pas contrôlable facilement) !
L’approche mérite d’être examinée un peu plus en détails. C’est une étude de cas en devenir d’une industrie qui résiste aux coups de boutoir de l’innovation technologique dans son secteur et qui cherche à préserver son modèle économique menacé. Elle pose plusieurs questions clés que je vais essayer de traiter dans cet article :
En général, une charte rassemble différentes parties qui se mettent d’accord sur un “gentleman agreement” pour réguler telle ou telle industrie ou pan de la vie publique.
Ici, les chaînes TV se sont organisées en cartel pour imposer leurs vues. Le propos est simple voire simpliste : leur contenu ne sera diffusable que via les acteurs industriels qui respecteront les principes de la charte. A savoir que le contenu et l’expérience du télé spectateur dans et à partir de ce contenu doivent rester entière ment sous le contrôle des chaînes TV. Rien que ça !
Le principe est détaillé dans la seconde page de cet oukase de trois pages. Mais avec quelque ambigüité ! Il ne précise pas si les services sont interdits uniquement dans la fenêtre vidéo de la chaine (en cas d’écran partiel) ou autour, voire avant, ou après. Une nuance importante !
Enfin, les chaînes TV affichent leur préférence pour une solution technologique qui garantisse la charte, et sans la nommer. Mais cela ressemble fort à un soutien de HbbTV, standard franco-allemand que les chaînes TV cherchent à imposer.
Ce standard définit la manière dont des services interactifs issus de l’Internet sont associés aux contenus TV broadcastés, quel que soit le tuyau: hertzien, satellite, câble, IPTV. Pour faire simple, HbbTV permet aux chaînes TV d’associer leur contenu TV à des services en ligne faciles d’accès à partir de la télécommande. En d’autres termes, c’est une forme de migration du Télétexte vers l’Internet pour ces chaînes.
En théorie, les caractéristiques techniques de HbbTV permettent aussi de créer des services en ligne indépendants des chaînes TV. Ils sont développés à partir de technologies de type web (HTML, etc). HbbTV va apparaitre dans les premiers téléviseurs en 2011 et pourrait être supporté par les FAI dans la même période, sachant que ce support est intégré dans les générations de processeurs les plus récentes de ST Microelectronics et apparaitra également chez Broadcom. Ce sont les deux premiers concepteurs mondiaux de processeurs pour décodeurs !
La charte est en tout cas pour le moins curieuse dans la forme: les chaînes sont d’accord avec elles-mêmes ! Elles imposent leurs vues. On peut se demander quelle est la léga lité de l’approche. Le droit semble quelque peu dépassé par les événements et la technologie !
Mais les chaînes TV pourraient ne pas en rester là et à l’envi déployer leur lobbying pour faire évoluer la règlementation. Une menace à ne pas sous-estimer pour le consommateur voire pour les autres acteurs industriels tant l’exception culturelle française peut-être le prétexte à moult galipettes règlementaires !
Les chaînes TV réagissent ainsi pour des raisons qui se comprennent : elles vivent pour l’essentiel du revenu publicitaire et les évolutions technologiques type “TV connectées” peuvent constituer des menaces mortelles pour elles.
Mais ce fut également le cas des enregistreurs numériques de télévision, popularisés il y a dix ans par TiVO et plutôt communs depuis que la plupart des opérateurs et constructeurs en proposent. Ils permettent de facilement zapper la publicité. Pourtant, malgré les sons de cloche alarmistes, les PVR (personal video recorders) n’ont pas sérieusement entamé les revenus publicitaires des chaînes. Il faut dire qu’en France, l’usage du PVR ne s’est pas fortement développé, handicapé entre autres par la taxe sur la copie privée qui grève le coût des disques durs intégrés dans les décodeurs.
Le pire des cas de figure serait pour les chaînes de voir Google TV se déployer à grande échelle sur les nouvelles TV connectées, et que l’on assiste à une migration de valeur de la publicité TV vers Google. Qui plus est, comme sur Internet, la délocalisation du chiffre d’affaire publicitaire hors de France priverait l’ensemble des acteurs économiques de cette manne de revenus. Google ferait son beurre avec de la publicité contextualisée liée aux besoins des consommateurs et apparaissant avant ou après les programmes, voire pendant si Google ne respectait pas la charte.
La publicité contextualisée devenant le fort de Google, il resterait un peu de “brand marketing” pour les chaînes TV. De plus, la consommation de contenus vidéo sur les Google TV serait fortement délinéarisée, et pilotée pour l’essentiel par la fonction de recherche.
Les menaces sur les chaînes TV pèseraient par ricochet sur la production cinématographique française. Les chaînes TV, et pas seulement Canal+, contribuent en effet lourdement à la production locale ! Les chaînes gratuites ont ainsi financé 110 millions d’euros et les chaînes payantes 195 millions des 1259 millions d’euros de la production cinématographique française en 2009, soit le quart. Sans compter les téléfilms !
Cela fait pas mal de “si”. Car pour que ce scénario se réalise, il faudrait non seulement que Google TV soit présent sur une masse critique de téléviseurs (on n’y est pas encore), et que l’usage suive la disponibilité de la fonction. Or, dans l’électronique de loisirs, il y a toujours un grand décalage entre la disponibilité d’une fonction et l’usage proprement dit…
On peut se demander si les chaînes ne se trompent pas de bataille. Le risque le plus important n’est-il pas de voir la consommation de TV et de vidéo évoluer vers d’autres contenus que ceux des chaînes ? Le risque le plus grand n’est-il pas de voir les grandes séries TV américaines diffusées directement via des offres type Netflix ? Ou de voir les téléspectateurs passer plus de temps dans YouTube et autres DailyMotion que sur leurs programmes habituels?
A force de vouloir limiter la manière dont leurs contenus sont consommés, les chaînes TV ne se tirent-elles pas une balle dans le pied alors qu’elles devraient proposer des usages nouveaux (un peu comme France 2 l’a fait à l’IBC 2010 dans sa démo de HbbTV sur TV LG) plutôt que de créer des interdits stériles ?
Avec leur charte, les chaînes TV :
Elles devraient plutôt maximiser l’audience sur tous les supports au lieu de créer des barrières dans ces usages. Leur attitude limitant par exemple l’usage du “live” dans les solutions multi-écrans des FAI est risible, même s’il y a quelques raisons cachées plus ou moins valables (mesure de l’audience, peur de la copie, etc) ! Il en va de l’absence de TF1 et M6 dans la solution SFR Neuf Box Evolution sur smartphones et tablettes, tout comme celle des mêmes chaînes sur VLC lorsque l’on veut les visionner sur son PC chez Free ! Leur “wall-gardenisation” (si je peux me permettre) de la TV de rattrapage est un autre moyen de leur part de limiter la flexibilité d’usage des consommateurs. Elle force les utilisateurs à aller dans les portails de catch-up de chaque chaîne au lieu de permettre l’émergence de solutions multi-chaînes plus faciles d’usage !
Ce n’est pas l’approche de Google. Celui-ci cherche surtout à habiller la recherche des contenus et à faire de la publicité ciblée avant et après visualisation des contenus. Le risque est encore plus faible sur le “live”. Si les contenus sont de bonne qualité, les téléspectateurs continueront d’en profiter. Si le “live” est toujours consommé, la publicité qu’il contient sera toujours efficace. Mais le pire, pour les chaînes, est que Google est en fait capable de capter leur valeur tout en respectant leur cahier des charges défensif ! Lorsque l’on est sur un site web via Google, il n’y a aucune trace de Google sur ce site; pourtant, Google a capté une grande partie de la valeur par le moteur de recherche et sa publicité, la plus contextuelle de toutes sur le web.
On aurait pu en tout cas rêver d’une charte plus positive et avenante, avec des engagements de services et d’innovations ! Une charte qui propose plus qu’elle n’impose !
Les chaînes TV font bloc contre la menace de Google TV parce qu’elles en ont les moyens. D’autres industries qui se sont faites Napsterisées (musique) ou googlizées (presse) n’ont pas eu cette chance. Mais elles ont connu des difficultés parce qu’elles n’ont aussi pas su évoluer en temps et en heure.
Les chaînes TV ont quelques autres options sous le coude pour lutter contre Google et la menace supposée associée :
Ce sont des approches qualitatives qui mériteraient évidemment une analyse plus quantitative de leur impact. Ces options seraient en tout cas d’un bien meilleur effet, car plus proactives, plus positives, plus innovantes. Il vaut mieux sur-innover que résister aux innovations du moment !
Pour l’instant, Google fait un peu le dos rond !
Non seulement, il se voit opposer ces fins de non recevoir des chaînes TV, surtout aux USA, mais son offre ne reçoit pour l’instant pas un accueil très favorable. Le produit Google TV est certes prometteur mais sa première mouture est encore décevante, un peu trop “geek” à l’image des télécommandes : celle de Sony avec petit clavier intégré (ci-contre) ou le clavier proprement dit de Logitech.
Sans compter les limitations dans l’accès à la TV broadcastée, illustrée par le compliqué montage avec l’opérateur satellite Dish TV.
La capillarité de diffusion de Google TV reste très faible avec pour seuls partenaires Sony et Logitech; sans compter sur les efforts nuls de Best Buy dans la distribution pour en assurer la promotion auprès des consommateurs.
La donne pourrait changer en janvier 2011 avec l’annonce attendue du support de Google TV par Samsung, LG et/ou Toshiba au CES de Las Vegas. Elle pourrait créer un bon effet d’entrainement et standardiser l’architecture logicielle des TV connectées dès 2011, comme MS-DOS a standardisé le PC à partir de 1981.
C’est certes une commoditisation dangereuse des constructeurs mais un pis aller par rapport à une fragmentation suicidaire du mar ché. L’inconnue restant la latitude des constructeurs dans la personnalisation de Google TV, qui semble moins grande qu’avec Android dans les smartphones.
Face aux chaînes TV, Google est sûrement en pleine discussion. Il découvre que des négociations sont nécessaires chaîne par chaine et pays par pays; que la TV n’est pas un business facile; que les acteurs locaux sont puissants et savent se protéger.
Google pourra ainsi choisir d’intégrer le support de HbbTV dans son logiciel pour juste deux pays: l’Allemagne et la France ? Sachant qu’au Royaume-Uni, il leur faudrait supporter un autre standard équivalent, Canvas. L’Allemagne étant un marché plus porteur pour Google TV que la France, Google adoptera peut-être de facto une stratégie de contournement en s’attaquant sérieusement au marché le plus facile à pénétrer.
Google sera aussi peut-être amené à devoir supporter le broadcast et des tuners TV dans son middleware. En effet, la consommation de contenus broadcastés reste clé dans l’expérience télévisuelle, quel que soit le pays.
Il existe une autre grande incertitude concernant Google : est-ce que son modèle publicitaire est reproductible avec le même succès sur les TV connectées ? Rien n’est moins évident !
Qui dit que les taux de clics seront les mêmes sur les publicités contextuelles de la TV connectée? La télévision est-elle le meilleur écran pour aller sur un site web d’un annonceur ? On manque cruellement de recul dans le domaine. Il y a peut-être plus de peurs que de mal. Yahoo s’est déjà cassé les dents dans les TV connectées alors qu’il avait pourtant réussi à imposer ses Widgets à presque tous les constructeurs de TV connectées il y a deux ans. Même si Google s’y prend mieux, son succès n’est pas assuré. Cela ne serait ni le premier ni le dernier acteur de l’informatique ou du web à se casser les dents sur le marché de la TV “du futur” !
Au moment où la Commission Européenne déclenche une procédure antitrust contre Google, l’entreprise va en tout cas découvrir à ses dépends ce que doit être une attitude industrielle “responsable” ! Et il ne suffira pas de créer un centre de recherche et un centre culturel en France !
On a un peu tendance à l’oublier dans cette bataille industrielle. Quels sont ses besoins ? Quel est son intérêt ?
Il faut peut-être commencer par appliquer une segmentation de l’audience, certes un peu simpliste.
La “Génération X” et celle des “babyboomers” ont une consommation plus clas sique de la TV et son pouvoir d’achat est le plus élevé. Elle ne cèdera pas aussi rapidement que la génération Y aux sirènes des solutions connectées du type Google TV. C’est un matelas d’audience et de revenus publicitaires pour les chaînes.
La “Génération Y” se détourne de la télévision mais pas de la consommation télévisuelle. Elle a déjà adopté des modes de consommation non classiques : délinéarisée, sur PC, sur mobile, le téléchargement de séries, multitâche et multi-écrans, etc. Avec ou sans Google TV, elle pose problème aux chaînes !
Les enfants et ados, plus jeunes que la génération Y, ne sont pas à oublier. Ils ont une consommation plus traditionnelle de la télévision. Mais adopteront les nouveaux usages aussi facilement que la génération Y, si ce n’est mieux.
Quoi qu’il en soit, ce sont les consommateurs qui auront le dernier mot. Même si on leur impose Google TV dans leur TV Samsung ou autre, ils l’utiliseront… ou pas ! Ils choisiront l’usage qui leur convient, en inventeront de nouveaux, sélectionneront les contenus qu’ils apprécient, cliqueront ou pas sur la publicité cliquable. Ils contourneront aussi, comme d’habitude, les éventuelles mesures techniques les empêchant de consommer les contenus comme ils l’entendent.
Heureusement que cette incertitude subsiste !
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Article initialement publié sur oezratty.net
Illustrations CC: Toni Birrer, Ol.v!er [H2vPk], damienalexandre, Lee Jordan, x ray delta one, blackspot, brizzlebornandbred
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Dana Settle & I are hosting a dinner tonight (10/20/10) with some of the biggest companies in entertainment to talk about the future of television, film & digital media. Michael Ovitz, the co-founder of CAA will be the keynote speaker.
Nobody can predict 100% what the future of television will be so I won’t pretend that I know the answers. But I do know that it will form a huge basis of the future of the Internet, how we consume media, how we communicate with friends, how we play games and how we shop. Video will be inextricably linked to the future of the Internet and consumption between PCs, mobile devices and TVs will merge. Note that I didn’t say there will be total “convergence” – but I believe the services will inter-operate.
The digital living room battle will take place over the next 5-10 years, not just the next 1-2. But with the introduction of Apple TV, Google TV, the Boxee Box & other initiatives it’s clear that this battle will heat up in 2011. The following is not meant to be a deep dive but rather a framework for understanding the issues. This is where the digital media puck is going.
While we won’t get through all of this, here are some of the issues in the industry that I plan to bring up and ones I hope we’ll discuss tomorrow:
1. “Over the Top” video distribution – Apple TV is brand new and is priced at $99. Given how Apple’s products are normally delivered to near perfection it is likely to be a huge holiday hit this year. While their past efforts at Apple TV have been mediocre it seems clear that this time they’re really trying to get it right. That said, Apple will remain a closed system designed to drive media onsumption through a closed iTunes system and a take a toll for media distribution.
The device itself will have no storage. So without my weighing into the pro’s / con’s of this I can say that I believe it will capture a large segment of the market but leave room for “open platforms” to play a big role.
Just as in the mobile battle when Apple goes closed it creates an opportunity for somebody that is substantively open. Enter Google. If you’re an OEM who wants to move more hardware but you don’t have the muscle to create an entire media ecosystem then you’re best off finding a partner who can build a software OS, app platform and search capabilities.
So it is unsurprising to see companies like Sony, Logitech & Intel partner with Google. Google balances the universe and helps all of the hardware, software and media companies ensure it isn’t a “one horse race.”
That said, it would be an understatement to say that traditional media is skeptical about Google’s benevolence and many fear a world in which video content margins are crushed in the way that print & music have been with the primary beneficiary having been Google. So while they enjoy a race with two major brands competing they also have three other strategies they’ll pursue.
I have always thought there was room for an independent success story like Boxee or someone similar. I’ve always believed that such a player would only succeed if they could capture an enthusiastic user base that feels compelled to use their platform to discover and consume content. Clearly Boxee captured the imagination of this early-mover user base 2 years ago. The launch of their new Boxee Box in November and the user acceptance of that will be telling for their future development.
2. Attempts at “moving up the stack” – In 1997 I led a project to help senior management at British Telecom define its Internet strategy. I did some market sizing analysis and wrote a strategy paper called, “It’s about the meat & potatoes, not the sex & sizzle.” I argued that if BT was focused there would be a large business in access services (dial up, ISDN and the equivalent of T1′s), hosting services and other infrastructure related products that would be very profitable and they had a great chance to corner the market on a high-market growth business.
My paper warned of the dangers of trying to “move up the stack” and become a content company. At the time all telco’s were envious of Yahoo! and Excite in particular as well as all of the Internet companies with grandiose stock market valuations. The attitude was “I’ll be damned if those young kids are going to get rich off of our infrastructure.” Needless to say BT didn’t follow the advice of my paper and it went bananas for content deals signing a string of money-losing content partnerships. I guess shareholders would have probably punished them for being boring and prudent.
Fast forward nearly a decade and it was unsurprising to me to see the death grip that global mobile operators placed over the handsets. They threatened any hardware manufacturer with not putting anything but operator approved software on the phones. In this way they locked down the device (they controlled the phone distribution market through owning retail stores and subsidizing handset costs). The mobile operators were run largely by the same people who ran the wireline telcos a decade early and still felt screwed by the tech industry. The created a hegemony that delayed innovation until January 2007 when the iPhone was introduced.
The iPhone broke the hegemony with hardware & software that had no telco software on it – thus the Faustian AT&T / Apple iPhone deal. They both gained. They both lost. But ultimately we all won because consumers finally had enough of locked down, crappy software from telcos. Imagine how much mobile telco money still exists in meat & potatoes. Imagine if one of them had created a Skype competitor.
So entering 2011 why does this matter? I see a repeat from television manufacturers and MSO’s. They know that the world is changing and they’re shit scared of what that means for hardware and pipeline providers. The hardware manufacturers are on razor-thin margins and see that having apps on TVs will be a way to build direct relationships with consumers and built higher margin businesses. It’s hard to blame them. But none of this will stick. Not because they are bad companies – but because software is not a core competency.
They will never succeed in these businesses. And I think the smartest hardware providers & MSOs are the ones that will sign unique and daring partnerships with startup technology firms. But the whole market will develop more slowly as we watch this bum fight take place. Get your seats ringside – it will take place over the next 2-3 years.
3. The “second screen” – One of the most exciting developments in television & media to me will be “second screen” technologies built initially on iPads and extended to the plethora of devices we’ll see over the next 3-5 years. And this will be real innovation & revolutionary in the way that the iPad is, rather than just being incremental. It will involve 3d (seeNintendo’s moves, for example). You’ll likely see applications that draw you into interactive experiences, connect you to your social networks, help you browse your TV better and create a richer media experience overall.
I think we’re in the 1st inning of second screen technologies & applications and this movement will create whole new experiences that the 50+ crowd will lament as “ruining the TV experience.” The 15-30 crowd will feel like this is what TV was meant to be – social. In my opinion this will replicate what most of us 40+ year olds already experienced when we were in our 20′s. We’ll have the post show water cooler effect that was popular in the Seinfeld era. We’ll have simultaneous viewing parties like we did for Friends or Melrose Place. But most of it will be virtual.
4. Content bundling – When there was one pipe capable of broadband delivery leading into our house the person who controlled this could control what we saw and it was delivered in a linear timeframe. As a result it became popular to bundle content together and get us to pay for “packages” when all we really wanted was The Sopranos or ESPN. We all saw what happened when technology let us buy singles on iTunes rather than whole albums pushed by record labels. No prizes for guessing what the future holds for video. The idea of forced bundles will seem archaic. Smart companies will figure this out early. The “Innovator’s Dilemma” will hold others back. The bundle is the walking dead. Only question is how long it survives.
5. Torso TV - Television was designed for a mass audience in a single country. One of the things that has fascinated me over the past couple of years is the rise of global content and its ability to develop a “niche” global audience that is relevant. Think of about the rise of Japanese Anime, Spanish Novelas,Korean Drama or the rise of Bollywood entertainment from India. It’s not a mass, mainstream audience but I would argue that it’s “global torso” content that will be meaningful at scale. Websites like ViiKii, which have been launched to create realtime translations of shows by fan-subbers, have huge followings already. And I’m sure that this is what popularized the SlingBox in the first place. British, India & Pakistani ex-pats on a global scale want to watch cricket.
I believe that NetFlix has won the battle for the “head end” of content from films. They have such a strong base of subscribers and their strategy of “Netflix everywhere” is brilliant. We watch it on the iPad. We pause. We turn on our TV and get it streamed through the Wii. And it’s available also on the Apple TV. It’s on Boxee. It’s effen awesome. Game over. IMO. But the torso? It’s up for grabs. And I think players like Boxee understand this is a juicy and valuable market. As does ViiKii and countless others racing to serve fragmented audiences the good stuff.
6. YouTube meets the television – It was funny to me to hear people say for years that “YouTube had no business model.” It made me laugh because it is so obvious when you capture an entire market of passionate consumers in any market – especially in video – that in the long-run it becomes a huge business. So many people are stuck in the mindset that YouTube is UGC (as defined as people uploading silly videos or watching Coke & Mentos explode) and that brands don’t want to advertise on UGC.
And meanwhile I’ve seen several LA startups focus on creating low-cost video production & distribution houses. They are quietly accumulating audiences in the same way that Zynga did on Facebook. And if you think that these guys can’t monetize then I’ll refer you to everybody’s arguments about games – that free-to-play would never work in the US. And meanwhile Zynga is one of the fastest growing companies in US history.
What Zynga understood is that you need to go where the consumers are, capture those audiences, build a direct relationship and then diversify channel partners. This is happening in spades now on YouTube as a new generation of viewers is being served up by a new generation of TV production houses that are currently under the radar screen of many people. This will change in the next 2 years.
And as they explode and become bigger companies YouTube becomes even more of a Juggernaut. And don’t forget that as the Internet meets TV, YouTube will continue to be a brand to be reckoned with served up by Google TVs.
7. Content discovery – new metaphors – Anybody who tries to search for a program to watch on TV on an EPG (electronic programming guide) knows just how bad they are for finding “the good stuff.” And for a long time the Internet has been that way, too. The best online video search tool (in terms of usability) that I’ve seen is Clicker. By a long shot. Do a little test yourself. Trying searching for something on Hulu. Then try the same search on Clicker. Try it first for content that is on Hulu and then for content that is not. And Hulu’s search is actually reasonable.
Much of web video search is bad at finding “the good stuff” including YouTube itself. Try searching “Dora the Explorer” in YouTube and then try it on Clicker. And then try it on Hulu. I feel confident that any user trying this will not go back from Clicker (no, I’m not an investor).
But as the Internet & TV merge it will be a major fight for how you find the good stuff. Google isn’t that good at video search today. Will this change in a world of Google TV’s? Boxee prides itself on social TV & content discovery. Will their next version blow us away and be the way we search our TVs? Will the MSO / EPG world improve (answer: not likely)? What about discovering content on our TVs via Twitter or Facebook? Or some unforeseen technology? Will we discover stuff through second-screen apps?
Technology such as that being created by Matt Mireles over at SpeakerText is trying to make video transcriptions and make video more searchable and discoverable. Imagine that world. I’m sure others are focused on solving this great problem.
The amazing thing about content discovery is that it can alter what is actually viewed and thus becomes a powerful broker in the new TV era where pipes don’t have a stranglehold on eyeballs.
I have no idea who will win. I only know who won’t.
8. Gaming & TV – One of the great unknowns for me is what role the console manufacturers have on our future media consumptions experiences. There are about 60 million 7th generatation game consoles in the US between the Nintendo Wii, Xbox and PlayStations against about 110 million homes.
And while free-to-play games are becoming hugely popular and as my own kids spend as much time playing Angry Birds (you can’t tell me you don’t want one of these – I already pre-ordered 2 for Hanukkah!) on the iPad now as they do Super Mario Bros. on the Wii – it’s clear that the games manufacturers will find a way to behugely relevant in the digital living room fight.
As will the media companies. Disney acquired Playdom and Club Penguin. EA bought PlayFish. Google has had long-standing rumors around Zynga. It’s clear that games will feature in the Internet meets TV meets Video world. They’re all battling for mindshare & share of wallet. Watch for continued game creep into TV.
Don’t believe me? Check out what the younger generation does on Machinima these days. People record their game experiences and make them into videos to share. Games meets videos meets TV. To make it easier for you to understand – check out this video (NSFW – language – but good graphics & example of future. You can get through first 1.20 safely).
9. Social media meets digital content – I think the social media story is more obvious in many ways. It’s clear that when people watch movies now they Tweet about it when they get out and this has an impact on box office sales. Social media buzz can boost or bury content. The current generation of players are trying to skate with the puck at their feet by simply offering “check-ins for TV” the next generation will connect us in ways we don’t even imagine now. I’ve seen some really innovative companies trying to solve this social TV problem but their stuff is so new I feel I can’t talk about it out of fairness to them. But I’m hugely interested to watch how this space evolves.
10. The changing nature of content & the role of the narrative – A lot of Hollywood people say that the traditional “narrative” of filmed entertainment will hold in the Internet meets TV world. They say that long-form storytelling will be where the ad money will flow and people will still want to consume professionally written, edited and produced content.
While I agree that there is a bright future for the talent that is uniquely in Los Angeles I think the future of TV & Film will be as different as the transition from radio to TV was. As is widely known “many of the earliest TV programs were modified versions of well-established radio shows.” Why wouldn’t we think that 50 years from now our initial Internet meets TV shows won’t seem just as quaint. Consider:
I’m such a big believer in the power of writing, editing and producing. When I’m given the choice I always watch independent film with complex characters and non-cliche story lines. I see a future in which Hollywood still is the center of global video content creation in the same way that Silicon Valley remains the center of technology development. But democratization of production & distribution will clearly change the world as we know it today.
And I’m excited to participate in that revolution.
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Photo credits: Flickr CC Combined Media, Whiskeygonebad, Rob Boudon, sheehanpaul, ntr23, Travis Hornung, haikugirlOZ
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