OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Charte de confidentialité : des icônes pour informer http://owni.fr/2012/12/14/charte-de-confidentialite-des-icones-pour-informer/ http://owni.fr/2012/12/14/charte-de-confidentialite-des-icones-pour-informer/#comments Fri, 14 Dec 2012 14:15:35 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=127420

Lorsque vous téléchargez un logiciel sur votre ordinateur, une image, une typographie, de la musique, etc. vous vous retrouvez souvent nez à nez avec les fameux textes de “politique de confidentialité”. Je ne sais pas qui prend le temps de lire tout ceci mais les clauses de confidentialité sont en général bien complexes et écrites en corps 9 et en gris sur fond blanc.

Nous avons donc tendance à cliquer sur “oui j’accepte” sans avoir lu. Problème donc. Mais la longueur du texte, la présentation graphique et la complexité des conditions d’utilisations et des politiques de confidentialité n’est pas une excuse à notre laxisme et à notre laisser-aller. Ainsi, des designers, des citoyens et des experts en droit se préoccupent aujourd’hui de poser des questions autour de l’accessibilité de ces politiques de confidentialité et de trouver des réponses simples, adéquates, rapides et visuelles.

Des icônes

Parmi ces idées, voici les icônes du projet réalisé avec Mozilla, Ocupop et “Disconnect”.

Ces icônes ont été développées en partenariat avec un groupe de travail dirigé par Mozilla. L’idée ? Les icônes, c’est un travail en cours que vous pouvez améliorer, modifier et utiliser sur votre site. Cette iconographie de la vie privée en ligne est donc soutenue par une collection d’emblèmes destinés à informer les utilisateurs.

Informer / rassurer / partager

Les questions de confidentialité et de protection des données personnelles sur Internet étant très vastes, c’est un sujet qui continue de croître. Comment ces icônes peuvent rester accessibles, simples et limitées en nombre ? Evidemment, elles ne doivent pas être un jugement de valeur sur le site concerné mais une information supplémentaire. Difficile à faire passer mais si la simplicité de ces icônes est à la mesure de leur limpidité, l’internaute devrait pouvoir s’y retrouver.

Signification

Pour préserver cette simplicité, des flèches, des cercles et des pictogrammes ont été utilisés. La couleur joue elle aussi un rôle important. Pour finir, toutes les icônes prennent la forme d’un document, signifiant ainsi leur relation avec les données de l’utilisateur dans un sens plus large. Leur emplacement sera situé dans la barre d’adresse du navigateur en 16 pixels par 16 pixels.

Voici de quoi réviser vos fondamentaux :

Une image ne résoudra jamais les soucis d’exploitation des données et de confidentialité mais elle pourra être un excellent indicateur de la politique d’un site Internet et alors sensibiliser le grand public à ces questions. Ces icônes, vous les retrouverez peut-être à l’avenir sur de grands sites comme c’est déjà le cas sur cette liste dans laquelle on retrouve par exemple 01Net, Alexa, Paypal ou encore les différents services de Google.

Pour en savoir plus

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Un bouquet de bambous pour sauver des vies http://owni.fr/2012/11/30/un-bouquet-de-bambous-pour-sauver-des-vies/ http://owni.fr/2012/11/30/un-bouquet-de-bambous-pour-sauver-des-vies/#comments Fri, 30 Nov 2012 12:00:20 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=126887

Dans sa conférence TED, notre designer humoriste français Philippe Stark expliquait qu’à notre époque, être designer c’est être totalement inutile. Ce à quoi je répondrais qu’à notre époque et à l’avenir, être designer c’est choisir de se rendre utile et pourquoi pas indispensable.

Mine Kafon

Je vous présente aujourd’hui le fabuleux projet “Mine Kafon” créé par Massoud Hassani. Cet objet volumineux qui ressemble à la balle qu’un chat immense aurait perdu dans le désert est conçu pour être posé au sol et pour rouler à travers les champs de mines non défrichés… en faisant ainsi exploser les mines anti-personnelles oubliées. Une idée brillante, simple et percutante fabriquée à partir de matériaux légers comme le bambou, et qui vise à permettre aux populations locales de se réapproprier leurs terres afin de les utiliser en toute sécurité. Tout simplement pour cultiver, pour voyager, pour vivre.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Vous l’aurez compris, cette balle immense n’explose pas quand la mine se déclenche mais elle absorbe le choc et continue à rouler jusqu’à la prochaine mine pour la faire exploser. Dans le détail, la balle est constituée de trois parties:

  • - le noyau sphérique
  • - 70 tiges de bambou qui sortent de celui-ci
  • - des embouts noirs et ronds pour les pieds de ces tiges de bambou.

Point particulièrement intéressant entre tous, Mine Kafon envoie et diffuse en permanence sa localisation, capturée par un GPS, traçant alors des chemins “libres” sans mine qu’il est possible de conserver.

Retour sur le principe d’une mine

En design, pour concevoir un objet pertinent, utile et dont la forme est à la hauteur de sa fonction, il faut bien comprendre le terrain dans lequel on agit, il faut même parfois devenir un spécialiste de son sujet. Ainsi, pour comprendre Mine Kafon, rappelons le principe d’une mine anti-personnelle. Cette mine est composée d’un dispositif de mise de feu qui se déclenche sous une action extérieure (le passage d’un véhicule, d’une personne ou d’un animal…) et émet une flamme qui aura pour effet de produire une petite explosion ; le rôle de cette petite explosion est déclencher la charge principale – la grosse explosion. La mine elle est également composée d’un dispositif de sécurité (goupille, bouton, fourchette, etc.). L’effet de souffle peut également endommager et projeter des fragments alentour.

Pour neutraliser l’engin, l’idée de Mine Kafon est, d’une part de déclencher la mise à feu (le poids de l’objet doit être suffisant) et, d’autre part, d’absorber le souffle pour éviter d’être projetée. Et éventuellement de limiter les éclats, les projectiles.

De plus, pour assez incroyable que cela puisse paraître, Mine Kafon est assez légère pour qu’une brise légère puisse simplement la pousser.

Le designer au service d’une cause.

Massoud Hassani a échappé à la guerre en Afghanistan alors qu’il avait 14 ans. C’est cette histoire qui l’a conduit à avoir une posture dans son métier. Son but était de trouver un moyen de faire disparaître ce fléau de sa ville natale, où sont encore présentes des milliers de vieilles mines soviétiques.

Quand nous étions jeunes, nous avons appris à faire nos propres jouets. Un de mes favoris était une petite éolienne roulante. Nous faisions des courses les uns contre les autres dans les champs autour de notre quartier. Il y avait toujours un fort vent s’agitant vers les montagnes. Alors que nous faisions la course, nos jouets ont roulé trop vite et trop loin et ont atterri dans des zones où nous ne pouvions pas aller les chercher en raison des mines. Je me souviens encore de ces jouets que j’avais fait et que je regardais aller au-delà de la zone où nous pouvions aller.

Détournement & matériaux

Construit en matière plastique biodégradable et en bambou avec un cœur informatique contenant un GPS, Mine Kafon s’inscrit dans la tendance du DIY. J’imagine très bien que Massoud Hassani puisse mettre en open source le code informatique qui analyse les données GPS mais également les plans de sa boule afin que chaque communauté concernée puisse recréer son propre démineur collectif.

Designers Bidouilleurs anti-guerre !

Hassan n’est pas le seul à se poser la question des armes, de la guerre et de ce que cela provoque. En effet, de nombreux designers, plasticiens, hacktivistes et artistes prennent des initiatives pour dénoncer et agir. Un exemple avec ce livre de coloriage qui dénonce les violences policières ou encore ce site intitulé “NukeMap” pour comprendre et visualiser l’impact des bombes nucléaires.

D’autres comme Mona Fawaz, Ahmad et Mona Harb Gharbieh se sont concentrés sur Beyrouth et ont cartographié les conflits armés pour en rendre compte à la population. Enfin, les bombes sont parfois détournées pour faire du bien à la planète.. et ça, parfois, ça me laisse rêveur.

Soutenir le projet

Pour finir ce “Vendredi c’est Graphism”, je vous invite à vous rendre sur la page du projet pour le soutenir. En effet, parfois, cet objet étrange perd un peu de ses jambes de bambou lorsqu’il explose et coûte au total une quarantaine d’euros. Une de ces “Mine Kafon” a été acquise par le MoMA et sera présentée en mars 2013.

Massoud Hassani est actuellement à la recherche de partenaires financiers et des collaborateurs pour apporter leurs idées dans la production.

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Philips aurait bien aimé réinventer la lumière http://owni.fr/2012/11/02/philips-aurait-bien-aime-reinventer-la-lumiere/ http://owni.fr/2012/11/02/philips-aurait-bien-aime-reinventer-la-lumiere/#comments Fri, 02 Nov 2012 15:00:54 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=124835

Une des actualités design de cette semaine est la sortie en fanfare de cette ampoule signée Philips et distribuée par Apple ! Rien que ça. Pendant que certaines startup souhaitent réinventer la roue, Philips “recrée” l’invention d’Edison qui date d’il y a maintenant 133 ans. L’idée est séduisante car depuis tout ce temps, l’ampoule n’a pas vraiment changé, cependant l’idée n’est pas si innovante que ça, on va le voir et les usages d’un tel objet me questionnent réellement.

Hello Hue

Hue, (prononcez “hiou”) est donc le nom de cette ampoule  soutenue par un marketing assez imposant. Les designers s’intéressent en général à l’expérience lumineuse, à l’objet lumineux dans sa globalité, à la forme de la lampe, mais rarement à son contenu : la lumière – ou plus précisément dans notre cas – l’ampoule. Philips a donc souhaité faire évoluer ce symbole de création avec la sortie de Hue qui est présentée comme “la prochaine étape dans l’éclairage des foyers” ou encore comme “le premier système d’éclairage domestique connecté à Internet”. Une révolution domotique ?

Selon Philips, l’innovation se situe dans le fait que cette ampoule à LED est capable de produire presque toutes les couleurs de la lumière dans la mesure d’un spectre de 16 millions de couleurs. Si l’idée semble attrayante, je vous laisse réfléchir sur ses usages réels. Pour cela, voici la vidéo de présentation de Hue.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La vidéo de présentation est assez surprenante car elle ressemble à une publicité Apple. Se faire passer pour un produit Apple sans le dire, voilà une stratégie de communication assez intéressante.

Cette ampoule est donc connectée à Internet et plus précisément à une application iPhone et iPad. Et oui, le smartphone et la tablette (ici transformés en télécommande) proposent une application qui permet de modifier la couleur de votre environnement selon plusieurs critères et de différentes façons. Cette “révolution design” est donc réservée aux utilisateurs d’Apple. Malgré tout son but est d’offrir une expérience nouvelle.

L’application

Une expérience

Comme le témoignent la vidéo et les images, l’expérience semble donc attrayante. Par exemple, chez vous, vous allez pouvoir modifier les tons et les nuances en fonction de votre humeur. Une utilisation dans des lieux tels que les écoles et les hôpitaux aideront à la concentration, à la relaxation ou encore à la lecture. Pour cela, vous pouvez aller directement choisir certaines présélections déjà enregistrées ou encore choisir une photo de ce joli couché de soleil du sud de la Bretagne afin d’y récupérer votre éclairage pour recréer une ambiance ou mieux, un souvenir. Hue possède également une minuterie pour assombrir ou allumer lentement l’éclairage.

“Think Different” (ou pas)

Vous vous en doutiez peut-être, le projet n’est finalement pas si innovant. En effet, Philips n’en est pas à son premier coup d’essai dans la lumière changeante avec notamment son projet “Living Colors”. Cette lampe sortie il y a cinq ans possède la même expérience mais reposait plutôt sur l’objet lampe et sur une télécommande.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La genèse

Mais surtout, je voulais vous parler du projet LIFX, un projet présenté sur Kickstarter et qui est presque intégralement identique à Hue. Lancé en septembre, son but est de proposer une ampoule “intelligente” qui se connecte en Wi-Fi et qui propose des ambiances colorées que vous contrôlez avec votre téléphone iPhone ou Android. Avec une demande de 100 000 dollars au départ, le projet aura su récolter 1 315 266 dollars. Un accueil impressionnant pour ce projet, mais reste à voir si l’innovation perdurera avec la sortie de Hue.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

De la question du besoin

“Du sens et de la simplicité” est le slogan de Philips et “Think Different” celui d’Apple. Je me pose donc la question des usages réels d’une telle ampoule. Comme de nombreux produits qui sortent aujourd’hui, nous n’avons pas un besoin immédiat, cependant l’expérience peut sembler intéressante, notamment dans le fait de retrouver un souvenir, une émotion passée à l’aide d’une couleur. De plus, la question de l’usage quotidien revient souvent au travers de cette ampoule. Apple qui la propose dans ses magasins vend en général des objets du quotidien. Même si l’ampoule est un objet du quotidien, qui réglera la luminosité et la couleur au quotidien ? De même, le design ne devrait-il pas être accessible au plus grand nombre en étant notamment multiplateforme ? La contrainte de la télécommande-iPhone reste assez forte.

Enfin, comme on l’a vu, les initiatives d’expérience lumineuse interactives sont de plus en plus nombreuses et je suis curieux de voir comment tout ceci se démocratisera, s’ouvrira et pourquoi pas, un jour, s’intégrera réellement dans notre foyer.

De même, j’aurais pu vous parler de la lampe Jelly Fish ou encore de la Mathmos Aduki Ni :

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Cliquer ici pour voir la vidéo.

En attendant, je retourne à la lueur de mon écran et je vous à la semaine prochaine pour de nouvelles actualités design, graphiques et créatives !

Geoffrey

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Droits d’auteur sur les zombies http://owni.fr/2012/09/26/droits-dauteur-sur-les-zombies/ http://owni.fr/2012/09/26/droits-dauteur-sur-les-zombies/#comments Wed, 26 Sep 2012 11:08:43 +0000 Lionel Maurel (Calimaq) http://owni.fr/?p=120767

Zombie's eye view by Jamie Mellor (cc)

Les zombies sont partout en ce moment ! Alors qu’une série de faits étranges ont eu lieu cet été qui ont pu faire penser qu’une attaque de cadavres titubants était proche, on leur consacre en cette rentrée un ouvrage de philosophie, Petite philosophie du zombie, qui s’interroge sur les significations du phénomène. Et des hordes d’aficionados trépignent d’impatience en attendant la diffusion de la troisième saison de Walking Dead, programmée pour la mi-octobre, sur laquelle ils se jetteront comme des rôdeurs sur de la cervelle fraîche !

Comme le rappelait un excellent reportage d’Arte consacré à ces monstres revenus d’outre tombe, la manière dont les zombies ont envahi peu à peu la culture populaire tient à leur incroyable capacité à se réinventer sans cesse, depuis que les films fondateurs de George Romero ont introduit l’archétype du zombie moderne.

Après avoir colonisé le cinéma d’horreur, ils se sont répandus dans tous les domaines avec une facilité étonnante : dans la musique avec le clip Thriller de Michael Jackson, dans la littérature avec le Guide de survie en territoire zombie de Max Brook ou la parodie du roman de Jane Austen Pride and Prejudice and Zombie, ou dans le jeu vidéo depuis Resident Evil jusqu’au récent titre délirant Lollypop Chainsaw.

Des colloques entiers sont à présent organisés pour essayer d’analyser les causes de cette zombie-mania. Dans sa Petite Philosophie du Zombie, Maxime Coulombe explique que ces créatures sont l’écho des interrogations actuelles de nos sociétés sur la mort, la conscience ou la civilisation. C’est certainement vrai, mais il existe également une raison juridique fondamentale qui explique l’aisance avec laquelle les zombies ont pu infester à vitesse grand V tous les champs de la création.

Le premier film de George Romero, Night of the Living Dead,  n’a en effet jamais été protégé par le droit d’auteur, à cause d’une incroyable boulette commise par son distributeur… Paru en 1968, le film est donc directement entré dans le domaine public, alors qu’il devrait toujours être protégé aujourd’hui, puisque Romero, “The Godfather of all Zombies”, est toujours en vie.

Cette destinée juridique singulière explique sans doute que la Zombie Movie Data Base comporte… 4 913 entrées à ce jour, dont beaucoup s’inspirent directement du premier film fondateur de Romero, sans risquer de procès, ni avoir à payer de licence. Cette particularité du Zombie (qu’il ne partage pas du tout avec le Vampire, comme on va le voir plus loin) dit quelque chose d’important à propos du droit d’auteur et de la création : la protection n’est pas toujours la meilleure façon pour une œuvre d’assurer sa diffusion.

Right of the Living Dead

Si vous allez sur Internet Archive, vous pourrez trouver Night Of The Living Dead , disponible librement et gratuitement en streaming ou en téléchargement, avec une mention de droit indiquant “Public Domain :  No Right Reserved“. Pourtant, la plupart des films sortis à la fin des années soixante n’entreront dans le domaine public que dans la seconde moitié du 21ème siècle !

Affiche du film "La nuit des morts vivants" de Romero, (Domain public via Wikimedia Commons)

La raison de cette incongruité, c’est un véritable micmac juridique qui s’est produit à la sortie du film en 1968. A cette époque aux Etats-Unis, une oeuvre ne pouvait être protégée par le droit d’auteur que si une Copyright Notice était incluse dans les crédits, pour indiquer l’identité des détenteurs des droits de propriété intellectuelle. Or juste avant la sortie du film, le distributeur décida de changer le titre initialement prévu Night of The Flesh Eaters en Night of The Living Dead. Cette décision n’était sans doute pas mauvaise, sauf que pour opérer la modification, le distributeur retoucha les crédits dans le générique du film et supprima par inadvertance la fameuse Copyright Notice.

Le film n’a donc jamais été protégé par le copyright, ce qui ne l’empêcha pas de rencontrer un beau succès en salle. Mais l’erreur commise sur les mentions permit plus tard à de nombreux distributeurs de vidéocassettes de distribuer le film, sans avoir à reverser de droits aux créateurs. Cet aspect est certainement fâcheux, mais il a contribué encore davantage à asseoir la popularité du film et à faciliter la propagation de la figure du Zombie.

Walking Public Domain

Le zombie au cinéma a une existence bien plus ancienne que le film de Romero. On le trouve dès les années 30 aux Etats-Unis, dans des films comme White Zombie, inspiré de la tradition haïtienne et de la religion vaudou. Mais Romero a développé dans Night of The Living Dead de nombreux traits caractéristiques qui réinventent ce monstre (la démarche titubante des zombies, leur goût pour la chair humaine, la façon dont ils évoluent en horde, leur vulnérabilité aux blessures à la tête, leur peur du feu, le caractère épidémique de la propagation de l’invasion, la dimension post-apocalyptique de l’histoire, etc). Ces éléments constituent incontestablement des apports originaux qui auraient pu être protégés comme tels par le droit d’auteur.

Mais à cause de l’appartenance immédiate du film au domaine public, ces caractéristiques du zombie ont pu être reprises par d’autres et se disséminer largement. Romero a d’ailleurs été lui-même l’un des premiers à pouvoir bénéficier de cette liberté créative.

L’homme, la machine et les zombies [1/2]

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Première étape du voyage au pays des zombies en compagnie du psychanalyste Vincent Le Corre. Où l'on apprend que notre ...

En effet, comme l’explique le juriste américain Jonathan Bailey, Night of The Living Dead était le résultat d’une collaboration entre George Romero et un autre auteur du nom de John Russo, qui cosigna le scénario. Après le premier film, un désaccord artistique survint entre les deux hommes, sur la suite à donner à leur premier succès.

La Nuit des morts-vivants étant dans le domaine public, aucun des deux ne pouvait empêcher l’autre de réutiliser le concept du zombie tel qu’il apparaissait dans le film. Ils décidèrent de créer chacun de leur côté leurs propres suites. Les deux auteurs décidèrent en se partageant l’héritage de Night of The living Dead : Russo réaliserait une série de films comportant “Living Dead” dans le titre et Romero en ferait une autre, avec”Of The Dead” dans le titre.

C’est ainsi que Romero tourna plusieurs séquelles (Dawn of the Dead, Day of the Dead, Land of the Dead, Diary of the Dead, Survival of the Dead) dans lesquelles il put développer comme il le souhaitait la dimension politique déjà présente dans le premier film. Russo de son côté mit plutôt en avant dans sa production une vision humoristique des zombies (Return of the Living Dead, Return of the Living Dead Part II, Return of the Living Dead 3, Return of the Living Dead: Necropolis, Return of the Living Dead: Rave from the Grave).

Ces deux approches constituent les deux grandes traditions du zombie au cinéma et le jeu pour les réalisateurs successifs qui se sont emparés de ce thème a consisté à reprendre certains des éléments des films de Romero, en introduisant des différences. Le film de zombie est par définition toujours un peu un remix et c’est ce qui fait son charme !

Plus tard, les morts-vivants titubants sont sortis des salles de cinéma pour envahir tous les champs de la création. Le succès du zombie illustre en réalité la fécondité du domaine public et son rôle majeur dans le développement de la création. Pour le mettre encore mieux en lumière, on peut avancer une comparaison avec une autre grande figure du cinéma d’horreur : le Vampire.

Appelez-le Dra©ula !

L’anecdote est peu connue, mais le film Nosferatu le Vampire de F.W. Murnau a connu lui aussi une aventure juridique assez incroyable, à cause du combat que durent livrer ses créateurs avec les ayants droit de Bram Stoker, l’auteur de Dracula.

Au début des années 20, le producteur du film, Albin Grau, souhaitait réaliser une adaptation du roman Dracula, mais il ne parvint pas à se faire céder les droits par la veuve de Bram Stoker, particulièrement dure en affaires. Le projet fut néanmoins maintenu, en introduisant des différences notables par rapport au roman, pour tenter d’échapper aux accusations de plagiat.

Le lieu de l’action fut déplacé de Londres en Allemagne ; Dracula devint un Comte Orlock à l’apparence monstrueuse pour se démarquer du dandy victorien de Stoker et Murnau introduisit des détails absents du roman, comme le fait que la lumière du jour détruise les vampires ou que leur morsure transforme leurs victimes à leur tour en monstres sanguinaires. Comme le relève le site Techdirt, un certain nombre des traits que nous associons aujourd’hui naturellement aux vampires découlent en réalité de la nécessité pour Murnau d’éviter une condamnation pour violation du droit d’auteur !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Malgré ces précautions, le film fut attaqué en justice avec succès en Allemagne par la veuve de Stoker en 1925. La condamnation entraina la faillite de Prana Films, la société d’Albin Grau et la destruction de la plupart des copies et négatifs du film, ordonnée par les juges. L’histoire aurait pu s’arrêter là si une bobine n’avait pas miraculeusement survécu et été emportée aux Etats-Unis, où à cause d’une erreur d’enregistrement (encore !), le roman Dracula était déjà tombé dans le domaine public. La veuve de Stoker ne pouvant empêcher la diffusion dans ce pays, le film Nosferatu y connut le succès, jusqu’à ce que dans les années 60, il put revenir en Europe, lorsque les droit sur Dracula s’éteignirent.

Cette histoire montre ce qui aurait pu arriver avec les films de zombies, si Night of The Living Dead n’était pas entré si vite dans le domaine public. Le copyright aurait sans doute empêché que des réalisateurs reprennent les éléments du film de Romero et la figure du zombie n’aurait vraisemblablement pas pu se diffuser dans la culture populaire avec la facilité qui a été la sienne.

Zombies Remix

La morale de ces histoires de morts-vivants, c’est que les rapports entre le droit d’auteur et la création sont bien plus complexes que ceux que l’on a l’habitude de nous servir comme des vérités d’Évangile.

Les auteurs ont sans doute besoin d’une protection pour pouvoir innover, mais la dynamique même de la création implique que les créations puissent être reprises, modifiées, prolongées, enrichies et ce mouvement a encore été amplifié avec Internet. À présent, ce ne sont plus seulement les artistes qui reprennent les créations antérieures de leurs homologues. Le public s’empare lui aussi de ses œuvres préférées pour les remixer à l’infini. C’est particulièrement vrai des zombies qui font l’objet d’une production amateur impressionnante !

En comparaison, d’autres œuvres emblématiques font l’objet de tensions juridiques entre les fans et les titulaires de droits. Korben a par exemple relevé récemment que Warner Bros a agi contre une communauté d’internautes, qui avait reconstruit la Terre du Milieu du Seigneur des Anneaux, en utilisant  le générateur de cartes du jeu vidéo Skyrim. Les titulaires de droits les ont contraints à retirer de cet univers toutes les mentions relatives à l’univers de Tolkien (comme les noms des lieux et des personnages, qui sont protégés en tant que tels au titre du droit d’auteur et du droit des marques).

Les zombies de Romero sont certes moins ragoûtants que les personnages du Seigneur des Anneaux, mais nés sous la bonne étoile du domaine public, ils sont parfaitement adaptées à la culture numérique.


Affiches des films via Wikimedia Commons : Night of the living dead et Nosferatu (domaine public) ; Zombie’s eye view via la galerie de Jamie Mellor (CC-byncsa)

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http://owni.fr/2012/09/26/droits-dauteur-sur-les-zombies/feed/ 15
Vendredi c’est Graphism et c’est l’été ! http://owni.fr/2012/07/27/vendredi-cest-graphism-et-cest-lete-ufo-ovni/ http://owni.fr/2012/07/27/vendredi-cest-graphism-et-cest-lete-ufo-ovni/#comments Fri, 27 Jul 2012 09:11:06 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=117170

Hello les ami(e)s,

vous voici à bord du dernier “Vendredi c’est Graphism” avant ma retraite spirituelle et typographique annuelle. Heureusement, les designers, graphistes et artistes ne s’arrêtent jamais de créer et voici donc un numéro assez complet, de “Vendredi c’est Graphism” !

Au programme de la semaine, de la visualisation de données sur les OVNI (oui, avec un “V” !), un court métrage dessiné qui vous emmènera dans un tout autre univers, une boule de typo, un chimpanzé assez étrange, une dataviz’ sur les réseaux sociaux et des fossiles du futur (si si c’est possible!). On terminera sur un WTF orienté Mario mais avec des gens tristes… vous allez voir !

Excellente lecture et bon “Vendredi c’est Graphism !”

Geoffrey

On commence la semaine avec un clin d’oeil pour Owni grâce à cette datavisualisation sur les “OVNI”, en anglais les UFO pour Unidentified Flying Object. Des études ont établi que la majorité des observations d’ovnis sont mal identifiées car ils s’avèrent être des objets classiques ou des phénomènes naturels, la plus commune étant les ballons météorologiques dans le ciel. Souvent, un nuage noctulescent nacré ou encore un météore feront également désordre et sera malgré tout rapportés aux autorités. Il est également reconnu que, entre 5% et 20% des observations signalées demeurent inexpliquées.

Les partisans de l’hypothèse extraterrestre ont donc décortiqué ces rapports d’objets non identifiés afin de réaliser une visualisation de données des observations de ces fameux rapports qui ont eu lieu entre 1962 et 2012.

Voir l'image en grand ]

Belly est un court métrage réalisé par Julia Pott…

D’une certaine manière, il est aussi surréaliste, un peu abstrait, et par moment un peu sanglant, drôlement sanglant. C’est une histoire de passage à l’âge adulte, un changement, une évolution aussi. Et à certains égards, ce film est aussi un film apaisant, contemplatif. Bref, vous n’aurez rien vu de tel avant, tant dans la narration que dans liberté d’action, de créativité… J’apprécie énormément.

L’histoire :

« Oscar est devenu adulte et s’en rend compte. Ce faisant, il doit vivre ce mal nécessaire et inévitable et laisser quelque chose derrière lui. Cependant, il ne peut pas se sentir tranquille au fond de lui, dans le creux de son estomac. Il va donc essayer, simplement, de s’en sortir. »

Le film :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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On continue avec la sortie du premier livre d’artiste d’Eric Calderon, un créateur né à Göteborg, en Suède en 1983. Cette sphère typographique, il l’a considère comme un livre et comme une œuvre d’art. Il déclare ainsi que nous devrions façonner notre vision artistique directement sous la forme d’une œuvre d’art. Inspiré par les arts typographiques, l’artisanat ainsi que le fonctionnalisme du Bauhaus, il a ainsi créé son propre “outil à créer de l’art typographique”. Le peintre a son pinceau, le charpentier son marteau, lui a sa balle typographique.

À noter que cette oeuvre est le début d’un projet beaucoup plus vaste où sera construite une série de sphères typographiques utilisées pour faire des livres uniques.

source

Lorsque Ozo, une étrange créature qui ressemble a un chimpanzé, souhaite récupérer son précieux oeuf dérobé par une autruche nommée NéNé, c’est l’aventure qui commence !  Cette animation  a vraiment beaucoup de style, de finesse et a été réalisé par Alex Vial, Martin Brunet, Leslie Martin & Matthieu Garcia. Ces jeunes gens sont quatre étudiants de Supinfocom, une école d’animation 2D/3D basée en France.

Pour les pros, sachez que tout est réalisé principalement avec Photoshop, 3dsmax, After Effects et Premiere Pro.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Hop hop, on continue notre revue de la semaine avec cette belle visualisation ! De nombreux sites que vous fréquentez quotidiennement sont toujours très heureux de recueillir des informations vous concernant. Bon, pas sur Graphism.fr évidemment. La montée en puissance des sites de partage sociaux comme Facebook, Pinterest, Google, Pandora, ou encore  Twitter sont basés sur la collecte d’informations et offrent de nouvelles problématiques intéressantes sur la façon dont nos données sont utilisées. Les réseaux sociaux font le pari d’un avenir construit sur un web personnalisé à partager avec ses contacts ou des gens similaires à notre profil mais tout cela a évidemment un coût, comme les publicités qui s’affichent en fonction de vos préférences, de vos goûts, ou comme les bases de données qui sont revendues…

Voici donc une visualisation de données qui présente les grands sites sociaux et les types de données qui sont collectées. Intéressant !

twitter1 [datavisualisation] Je sais ce que vous faites sur Internet

source

Allez, on continue encore avec les découvertes archéologiques de l’année 12 000 ! Oui oui, je sais que vous faites preuve d’imagination tout comme les deux designers Jeff Klarin et Rebecca Johnson de l’entreprise Bughouse, un studio de design qui tâche de porter un regard large sur l’avenir. Dans cette optique, ils ont créé des versions fossilisés de platines, manettes de jeu Atari ou encore d’appareils photos…

Cela pourrait également être ce que trouverait notre arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-petit-fils dans un chantier de construction. On se retrouve avec une sensation assez étrange, un peu comme s’ils avaient été découverts lors de fouilles dans un avenir lointain :)

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Et c’est le site de la semaine, que j’ai conçu avec mes petits mains !

Il est encore en version de test et va évoluer, mais son petit nom est Graphisme.TV ! Il s’agit d’un site créé pour les designers, graphistes, penseurs et pour tous les curieux qui souhaitent apprendre et écouter des conférences, des interviews, des reportages sur des acteurs du monde du design, du graphisme, etc. Graphisme.tv n’est pas le YouTube du graphisme ou le Vimeo du design, c’est simplement ma sélection personnelle et arbitraire des vidéos que je trouve pertinentes sur le sujet du design, du graphisme. Le but de ce projet est de trouver la réflexion, la pensée design et la résonance des idées au travers des mots, des projets.

Le site :

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J’avais promis à certain(e)s d’entre vous, un WTF bien beau, bien ouf, bien décalé avant l’été… et j’en suis assez fier. Vous allez le voir, c’est du grand art avec Mario et des gens qui pleurent ! Attention âmes sensibles pour la fin de la vidéo, ne pas regarder.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pour notre petit mot de la fin, je voulais tout d’abord vous souhaiter un très eté, vous remercier aussi d’être toujours aussi nombreuses et nombreux à me partager vos liens, à lire “Vendredi c’est Graphism” (VCG pour les intimes !). Je compte sur vous pour acheter de belles cartes postales typographiques, pour faire de jolies images, créatives et décalées, et surtout, pour m’envoyer vos actualités de vacances !

À très bientôt, ici ou sur une autre planète,

Geoffrey

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http://owni.fr/2012/07/27/vendredi-cest-graphism-et-cest-lete-ufo-ovni/feed/ 4
Vendredi c’est Graphism ! http://owni.fr/2012/07/06/vendredi-cest-graphism-sncf-wtf/ http://owni.fr/2012/07/06/vendredi-cest-graphism-sncf-wtf/#comments Fri, 06 Jul 2012 08:11:33 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=115554

Bonjour et bienvenue sur Vendredi c’est Graphism !

Geoffrey

Allez, on commence la semaine avec cette animation, vous allez adorez ces droïdes, qui, comme seule façon de résoudre leurs désaccords, se mettent à danser sur de la musique dubstep. Ce court métrage d’animation 3D a été réalisé sur le logiciel 3D de Luxology. Leur travail a consisté à la modélisation, le surfaçage, le texturage, l’animation, le rendu et les effets tels que la physique et l’éclairage volumétrique. Les personnages et l’environnement ne sont pas trop complexes à créer, mais conserver la qualité et la finesse des lumières et des textures en synchronisant tout ce petit monde avec la piste musicale a dû être une autre paire de manches !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le making off en images :

making Des robots qui se disputent sur de la musique Dubstep... !

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On continue avec Geospire qui est une exposition interactive présentée au Musée géologique d’Oslo. L’exposition est conçue et construite par Voy et a été développée en collaboration avec le Musée d’histoire naturelle d’Oslo et la section inter-media de l’Université d’Oslo. L’exposition vise à sensibiliser les écoliers sur ​​les roches et les paysages typiques d’Oslo. Entre des ateliers, des objets et des films, le musée géologique est rempli d’objets merveilleux avec une collection de plus de 2 millions de fossiles, des spécimens de roches et de minéraux. Cependant, les visiteurs ne sont pas autorisés à toucher ces éléments généralement conservés derrière une vitre. Geospire permet ainsi de créer de nouvelles activités éducatives pour les groupes d’écoliers afin d’apprendre la géologie par le toucher au travers d’objets physiques tels que des maquettes de paysages et des échantillons de roches.

En images :

En vidéo :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Hop, voici une infographie qui nous raconte l’histoire du html5 et notamment son but qui vise à parfaire le langage précédent par l’amélioration de la programmation et ses nouveautés tout en étant compatible et compréhensible par les dispositifs actuels et les navigateurs Web. Cette infographie explique ainsi la compatibilité avec les différents navigateurs existants mais également les enjeux pour la téléphonie mobile.

HTML5 [infographie] Comprenez le passé, le présent et le futur du html5 !

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On continue avec une petite vidéo de Google qui est passée inaperçue. Elle présente une nouvelle façon de pouvoir communiquer avec des amis ou en famille dans votre propre langue. C’est désormais à portée de main avec Google Input Tools.. Disponible dans les services de Google, sur Chrome ou sur les téléphones Android et Windows…. Un beau projet, très prometteur pour lequel il vous faudra rester à l’écoute pour l’arrivée des nouvelles langues sur de nombreuses plateformes.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Les étudiants d’aujourd’hui sont de plus en plus en contact avec leur téléphone haute technologie. Et avec la montée rapide de l’accès Internet mobile, beaucoup sont en mesure d’accéder à des ressources dont ils ont besoin pour étudier. Mais voilà, selon les études que la graphiste Jen Rhee a mis en avant, cet accès facile pourrait très bien être à la fois une bénédiction et une malédiction :

Des conversations bruyantes à des moments inopportuns, des SMS désagréables à un moment délicat, aux toilettes, au lit, en voiture… Bref, cette infographie nous présente donc l’absence de « bonnes manières mobiles ».

jerks [infographie] Quel impoli êtes vous avec votre téléphone mobile ?

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Hine Mizushima est né et a grandi à Tokyo, au Japon où il a travaillé en tant qu’artiste et illustrateur. Il n’y est pas resté longtemps et a voyagé à Rome, Paris ou New York. Il réalise ainsi des marionnettes, du stop-motion, le tout avec des petits personnages, monstres, animaux, paysages en feutre. Un univers coloré, simple et onirique :)

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C’est le mini-buzz de cette semaine, le site préféré de tous les français vient de changer de design. Et oui, sncf.fr a été refait ! Un nouveau design, une grille, une belle typo… Mais… voilà qu’une radio démarre (parfois!) tout seule quand on arrive sur le site. On a cette drôle de sensation d’être transporté de son ordinateur vers une gare. Curieux !

Le nouveau site :

sncfjoli Le nouveau site de la SNCF... oui...MAIS !

Le WTF !!

Pour découvrir cette superbe radio ça se passe sur le site de la SNCF.

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Pour le mot de la fin, je vous invite à Bordeaux pour cette superbe expo d’architecture, à Londres, au Fashion and Textile Museum,  ou encore au Point Ephémère pour voir ce collectif d’artistes ! Côté dataviz, le Guardian a publié les droits des homosexuels aux Etats-Unis, Etats par Etats et en attendant vendredi prochain, moi je retourne célébrer la fin de l’ACTA ! ;-)

Bonne fin de semaine et gardez l’oeil ouvert !

Geoffrey

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Vendredi c’est Graphism ! http://owni.fr/2012/04/27/vendredi-cest-graphism-tchernobyl-graffiti/ http://owni.fr/2012/04/27/vendredi-cest-graphism-tchernobyl-graffiti/#comments Fri, 27 Apr 2012 09:11:10 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=108122 embeded dans tes lignes de codes. Voir d'autres lignes. C'est vendredi, et c'est graphism' ! ]]>

Hello les ptits loups et soyez les bienvenus sur Vendredi c’est “Graphism”, la chronique graphique d’Owni !

Au programme de la semaine, un clip haut en couleurs, des affiches coupées-décalées, une vision particulière du métier de graphiste, des graffitis à Tchernobyl, une représentation de l’anthropocène et un appareil photo vivant qu’il va vous falloir toucher. On terminera sur un WTF avec un Mario qui a un peu changé ;-)

Bon vendredi et… bon “graphism” !

J’espère que vous êtes bien assis car on commence la semaine en fanfare avec ce clip vidéo musical très coloré et animé sur une des chansons de l’album “Both Lights” de AU “OJ”. Réalisé par Takafumi Tsuhiya, cette vidéo va tenter de vous mettre en lévitation avec cet ensemble de couleurs vibrantes dansantes et aériennes. dans le ciel. Ainsi, Takafumi Tsuhiya parle de son travail comme essayant d’être au plus proche de la musique qu’il illustre.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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On continue la semaine avec cette petite série d’affiches assez décalées que je me suis amusé à réaliser. En effet, pas évident de choisir “le bon candidat” ou de peser le pour et le contre sur chaque programme ! Alors pourquoi ne pas imaginer des “mashup” de candidats, des mélanges d’idées, des mélanges visuels, des mélanges… de leurs affiches ? Au final, certains sont plutôt “raccords” ;-)

vote small Aujourdhui, je ne savais pas trop pour qui voter...

l'image en grand ]

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On continue notre revue de la semaine avec cette vidéo d’animation intitulée “Never confuse a single defeat with a final defeat”, comprenez : “Ne confondez jamais un échec avec une défaite”. Cette citation de F. Scott Fitzgerald (à qui l’on doit Gatsby le magnifique) a servi de point de départ pour créer cette jolie animation sur le processus créatif dans le milieu du travail en entreprise. L’idée derrière tout ceci étant de donner du courage aux graphistes, designers, créatifs. Ainsi, ce projet de stage d’été réalisé par Sara Shin a quand même été produit par « BL:ND », animé par David Bauer et mis en musique par le designer sonore David Kamp.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Toujours cette semaine a été mis en avant le travail du photographe Jan Smith qui présente cette série de photos magnifiquement envoûtantes qu’il est allé faire à Tchernobyl. Il a été exactement 26 ans après l’accident nucléaire catastrophique survenu dans la ville ukrainienne, la ville est restée aujourd’hui inhabitée…sauf pour un petit nombre de personnes. Jan Smith a donc décidé de photographier les graffitis de la ville. Il raconte qu’il a ainsi commencé son travail à Pripiat (la ville évacuée après la catastrophe de Tchernobyl) et a été immédiatement attiré par ces graffitis et ce mélange de nostalgie, d’innocence, d’humour dans cet endroit isolé. Certains graffitis sont grands et mis en évidence mais beaucoup sont de petite taille et les trouver était pour Jan Smith, une sorte de quête.

Voici son travail :

source | source

On continue encore avec cette animation réalisée par Globaïa pour le court métrage intitulé «Bienvenue à l’anthropocène». Le discours qui se cache derrière cette vidéo est que toute chose vivante affecte ses environs, mais que l’humanité influence désormais tous les aspects de la Terre à une échelle comparable aux grandes forces de la nature.  Toute notre histoire est ainsi représentée dans cette période géologique appelée l’holocène – ce “bref” intervalle qui remonte à 10.000 ans. Mais nos actions collectives nous ont amenés dans un territoire inexploré. Un nombre croissant de scientifiques pense que nous sommes entrés dans une nouvelle époque géologique qui a besoin d’un nouveau nom – l’anthropocène dont voici une de ses représentations :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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On termine donc sur un projet intriguant intitulé Touchy ! Cet « appareil photo humain » est un concept réalisé par le designer Eric Siu. L’idée est d’être aveuglé “constamment” par ce casque-appareil photo, jusqu’à ce que quelqu’un vous touche et déclenche ainsi l’ouverture des volets automatiques. Ensuite, si le contact physique est continu, l’appareil prend une photo toutes les 10 secondes. Pour un meilleur auto-portrait, Eric Siu recommande de présenter son visage debout face à l’appareil-homme et le regarder droit dans les yeux pendant 10 secondes afin d’obtenir le meilleur portrait possible.

Une façon détournée, avec pour prétexte, la photo, afin de re-créer du contact entre les gens et de pouvoir communiquer de nouveau les uns avec les autres, indépendamment de toute apparence physique.

J’attire donc votre attention sur ce projet car il est en quelque sorte, une expérience d’interaction phénoménologique et sociale qui met vraiment l’accent sur la relation entre donner et recevoir. Le fait également de transformer un être humain en caméra est quelque chose qui ne manque pas d’humour, surtout dans la façon dont est traité le sujet. Une sorte de façon de guérir l’anxiété sociale par le design, en créant des interactions joyeuses.

touch Touchy la caméra humaine quil faut toucher pour se prendre en photo !

La vidéo :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le concept en images :

concept Touchy la caméra humaine quil faut toucher pour se prendre en photo !

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On termine notre “Vendredi c’est Graphism” sur un bon petit WTF de derrière les fagots, avec notre ami Mario qui devient complètement fou et qui adopte une attitude drôlement… violente !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Allez hop, pour le mot de la fin, je vous invite à écouter Itsy Bitsy Sunshine, à vous moquer de la télévision Ikea, à vous habiller en Space Invaders, ou encore à vous rendre à Hyères pour le 27e festival international de la mode & de la photographie. Et si ça vous tente, ce week-end, c’est également le Salon International du Livre Ancien, de l’Estampe et du Dessin… pour les amoureux des belles pages ! Oh et s’il vous reste encore un tout petit peu de temps, n’hésitez pas à me suivre sur Instagram, je m’amuse à publier un dessin par jour ;-)

Excellent week-end… et à la semaine prochaine !

Geoffrey

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Vendredi c’est Graphism http://owni.fr/2012/04/13/vendredi-cest-graphism-2/ http://owni.fr/2012/04/13/vendredi-cest-graphism-2/#comments Fri, 13 Apr 2012 09:11:23 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=105620

Hello les ptits loups !

Aaah, c’est vendredi, oui, vendredi 13 mais rassurez-vous, “Vendredi c’est Graphism” aura été épargné par le mauvais oeil pour vous offrir, encore cette semaine, un petit aperçu de ma semaine graphique, visuelle, expérimentale, bref, tous ces ingrédients créatifs qui font que chaque jour nous pouvons êtres inspirés par de nouvelles choses. Ainsi, au programme de cette semaine, je vous propose :

  • - une caméra très ancienne pour votre iPhone dernière génération
  • - des conseils pour la création sur téléphone mobile
  • - des robes issues de sites internet
  • - un débat sur les jeux vidéo et la bande dessinée
  • - une application pour faire de la musique électronique en… 3 minutes
  • - une expérience tangible et sensorielle pour Issey Miyake
  • - et… un WTF déformant ;-)

Bon vendredi… et bon Graphism !

Geoffrey

On commence notre semaine avec “1-Bit camera”, une bien drôle application iPhone qui va capter merveilleusement votre environnement sous forme de photo et les transformer en noir et blanc et en image 1bit. Et oui, vos photos prises avec cette application transformeront votre dernier iPhone4S top moumoute de la technologie en photos originales de ce que l’on pouvait trouver sur l’OS d’Apple en 1984 ou encore sur la célèbre caméra Gameboy, une caméra très prisée des collectionneurs.

Au programme donc :

  • un affichage temps réel de l’image en 1-bit
  • des photos légères, aux alentours de 150ko
  • un algorithme de tramage précis
  • le partage en ligne sur twitter, facebook…
  • etc.

À noter également que l’application utilise le tramage ordonné ou tramage Bayer qui génère un motif de hachures. Il s’agit d’une forme de tramage dispersé. Parce que les points ne sont pas regroupés en clusters, le résultat obtenu est beaucoup moins granuleux (source).

La conclusion du créateur de cette application est que ce n’est pas le nombre de pixels qui importe, mais la qualité de ces pixels pris séparément. Il suffisait d’y penser ;-)

cam2 1 Bit caméra, ou comment transformer lappareil photo de votre iPhone en appareil 1 bit.

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Allez hop, on enchaîne avec cette présentation pour vous, designers, concepteurs, développeurs, graphistes, ou tout simplement curieux qui êtes désireux de comprendre comment le design mobile se présente aujourd’hui. Cette présentation vous offre sept grandes lignes directrices pour la création mobile sous forme d’un diaporama réalisé par Spoon Ryan, un  observateur/investisseur de San Francisco. .  Une présentation assez globale, générale, très pratique avec beaucoup de bons exemples.

À parcourir et à garder sous votre tapis de souris ;-)

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On continue notre revue de la semaine avec un artiste que j’ai découvert récemment et qui a su trouver une thématique assez contemporaine dans son travail du dessin de mode.  Le jeune Victor, connu aussi sous le pseudonyme de “Neko-Vi”  habite Gênes en Italie et s’inspire pour son travail, de la pop-culture, des animes, des années 80 et bien évidemment du design de mode pour réaliser ses créations. Aujourd’hui c’est aux réseaux sociaux et aux grands sites internet de ce monde qu’il s’attache avec une série de robes sur Facebook, Twitter,  Wikipedia mais aussi Google, Yahoo ou encore le très célèbre feu-Megaupload ;-)

Des illustrations simples, plutôt élégantes et qui, à mon sens, arrivent à puiser l’essence du site internet, du service, de son identité visuelle, de sa charte graphique.

source

Hééé oui, “Vendredi c’est Graphism” est aussi l’occasion de vous parler jeux vidéos, mais pas simplement… En effet, cette semaine, je vous propose de regarder “Le débat de Game One”, une nouvelle émission de Game One dont le concept est de discuter sur les sujets qui passionnent les geeks, qu’ils soient geeks jeux vidéo, hi-tech, cinéma, etc. Cette semaine, le sujet est donc sur les jeux vidéo et la bande dessinée, un doux mélange, très intéressant avec des thématiques passionnantes comme vous le verrez.

Une mention spéciale également sur la relation entre humour & jeux vidéo, à regarder, à écouter, à apprécier ;-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Toujours cette semaine, si vous avez trois minutes et que vous voulez faire de la musique, j’ai ce qu’il vous faut ! J’ai découvert récemment “Figure”, une application mobile qui vous permet de réaliser de la musique électronique tout en tachant de garder votre inspiration soudaine. L’idée est vraiment l’immédiateté, la spontanéité.

Au programme de cette application :

  • Faire des sons avec de la batterie, des basses et un synthé. La base donc.
  • Jouer en faisant simplement glisser votre doigt.
  • Rester toujours dans ​​le temps
  • Enregistrer votre piste à la volée

On notera certaines choses très intéressantes dans cette application comme son design, le choix de ses couleurs, vintages et très à la mode. On remarquera aussi son interface assez élégante même si parfois éloignée du monde de la musique pour certains écrans. Une application amusante qui poussera, je l’espère, votre créativité musicale. D’ailleurs, je m’en vais de ce pas créer le prochain tube… hum, on peut toujours tenter ;-)

En images :

app Figure, une application pour créer de la musique en quelques minutes.

En vidéo :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Voici également, une brillante installation interactive présentée sur la vitrine du grand couturier japonais Issey Miyake. Composée de plaques hexagonales, le projet répond à la chaleur du corps et affiche toutes les empreintes laissées par les utilisateurs qui touchent sa surface textile. Accompagnant la réactivité physique, tangible de cette installation, un site web mobile permet aux utilisateurs de dessiner un parcours graphique qui s’affiche directement sur les polygones, dans la vitrine. Réalisée par les deux artistes Alex Dodge Kärt Ojavee et Eszter Ozsvald, cette installation tente de réinventer le doux mélange entre techniques traditionnelles et matériaux technologiques.  À noter également que le tissu utilisé ici est un tissu japonais pour la teinture connu sous le nom “shibori”, un tissu cher à Issey Miyake.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Le WTF de cette semaine est un hommage aux frères Bogdanov ! Igor et Grichka Bogdanoff ou Bogdanov sont sont des frères jumeaux français d’origines russe et autrichienne, producteurs-animateurs de télévision, universitaires et essayistes… Bien connus pour leur physique inhabituel, ils apparaissent souvent de façon médiatique. Bref, avec pour message princpal “Et si vous etiez deja un Bogdanov sans le savoir?“, le site Bogdanovision va vous partager l’expérience d’un monde dominés par les Bogdanov.

OMG. WTF.

source

Pour le mot de la fin, ce sera assez exceptionnel car je vous propose de découvrir… le sens de la vie ! :-) Cette courte bande-dessinée dont je vous met un petit extrait sous forme de quelques image nous raconte, en tout simplicité comment, un homme qui rencontre un genre de “dieu”, trouve, d’une façon plutôt schyzophrénique, le sens de “la” vie et le sens de “sa” vie, qui sont tous les deux liées.

Bonne lecture !

Sur ce, bon week-end, ouvrez l’oeil et… à la semaine prochaine ! :-)

Geoffrey

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http://owni.fr/2012/04/13/vendredi-cest-graphism-2/feed/ 32
Une pax numerica pour la création http://owni.fr/2012/03/21/creation-et-internet-pour-une-pax-numerica/ http://owni.fr/2012/03/21/creation-et-internet-pour-une-pax-numerica/#comments Wed, 21 Mar 2012 16:14:45 +0000 Lionel Maurel (Calimaq) http://owni.fr/?p=102760

Course à la taxe

Le candidat à la présidentielle Jacques Cheminade mérite sans doute la palme de l’inventivité, pour avoir proposé la mise en place d’une taxe sur la pornographie afin de financer la culture. Cette idée baroque s’ajoute à celle d’une taxe Amazon, annoncée par Frédéric Mitterrand lors du Salon du Livre. Taxe qui serait prélevée sur les commandes de livres en ligne pour financer les librairies. En février déjà,  une proposition de taxe sur les fournisseurs d’accès Internet (FAI) avait été avancée par les patrons de presse afin de financer leurs activités.

On avait beaucoup parlé avant cela encore d’une extension du dispositif de la copie privée à la taxation des flux, qui permettrait de mettre à contribution le cloud computing. Idée qui semble séduire aussi bien à droite qu’à gauche.

Parmi ses propositions liées au numérique, Nicolas Sarkozy a remis au goût du jour l’idée de lever une taxe Google portant sur la publicité en ligne, afin que les “Géants du web” contribuent au financement de la création. Le projet gouvernemental de Conseil National de la Musique passe lui aussi par une taxation des FAI et pour être né à droite, il a été salué par François Hollande comme une “bonne idée” dans son discours sur la Culture, prononcé dimanche au Cirque d’Hiver.

Taxes sans contrepartie

Le Conseil National du Numérique a déjà dénoncé cette multiplication des projets de nouvelles taxes affectées, sous un angle économique. Mais il me semble que c’est sous l’angle juridique que cette “course à la taxe” mérite surtout d’être examinée et critiquée. Bien qu’ils émanent d’acteurs différents, ces projets de taxation partagent tous en effet un trait commun : même lorsqu’ils sont susceptibles d’être répercutés d’une façon ou d’une autre sur les internautes (et la plupart le sont), ils ne s’accompagnent d’aucun droit nouveau qui leur serait conféré.

Contrairement aux projets de type licence globale/contribution créative, aucune de ces propositions ne visent à légaliser les échanges non marchands en ligne.

En septembre 2011, Benoît Tabaka sur son blog, avait déjà montré que le risque était grand que le projet d’une licence globale ne s’étiole et finisse par se résumer à une simple taxation sans contrepartie :

Si l’idée d’une telle contribution continuait son petit bout de chemin, il ne serait alors possible au législateur que de la transformer, par sa nature, en une simple et banale taxe. Une taxation de l’ensemble des internautes, au niveau de leur abonnement d’accès à l’internet, au profit de l’industrie culturelle.

Problème, cette taxation n’aurait alors aucune contrepartie pour l’internaute, contrairement au souhait de la licence globale. Le seul effet de la taxation pourrait alors d’être un moyen de faire diminuer la pression exercée par les ayants droit en faveur d’une démarche “tout répressive” à l’encontre des personnes pratiquant des actes de téléchargement.

En rabattant la question de la création sur Internet à un problème de financement, cette approche, qui est désormais partagée à gauche et à droite par les deux principaux candidats à l’élection présidentielle, va manquer le principal enjeu de la réforme : nous aurons des taxes, à foison certainement, mais nous n’aurons pas la pax !

Pax numerica ?

Reporters sans Frontières a maintenu pour la deuxième année consécutive la France parmi les pays “sous surveillance” dans sa liste des Ennemis d’Internet. En cause notamment, la répression des échanges non marchands  qui a conduit les ayants droit à dresser 18 millions de constat sur 22 millions d’abonnés à Internet, avec à la clé plus d’un million d’identifications et 470 000 recommandations envoyées par Hadopi.

Pendant ce temps, devant l’efficacité douteuse du système, les poursuites pénales en contrefaçon se poursuivent, parfois pour des actes à la gravité discutable, remettant en cause le principe même de la riposte “graduée” qui était au cœur de la loi Hadopi.
Dans un tel contexte, on aurait pu penser que l’objectif premier pour les décideurs aurait été de rechercher un moyen de “pacifier” la question numérique, pour aboutir à l’instauration d’une “Pax Numerica” : une situation de paix retrouvée, qui permettraient aux individus de bénéficier d’une réelle sécurité juridique dans leurs pratiques en ligne, tout en permettant au monde de la création de bénéficier de nouveaux financements.

C’est hélas un projet qui semble aujourd’hui abandonné. Les dernières promesses du candidat Sarkozy laissent entrevoir, outre le maintien d’Hadopi, un nouveau degré dans la violence juridique, passant par un recours plus systématique à l’article L336-2 du Code de Propriété Intellectuelle, qui constitue un cheval de Troyes pour le filtrage. Toute forme de partage est assimilée à du piratage, sans distinguer le P2P des sites de streaming ou de téléchargement direct. Du côté de François Hollande, après de multiples atermoiements, l’idée d’une dépénalisation des échanges non-marchands paraît bel et bien enterrée, et si le thème de la contribution créative revient dans la bouche de certains socialistes, comme Patrick Bloche, c’est à présent sous la forme d’une simple taxe, déconnectée de la consécration de droits nouveaux au profit des internautes.
Or, les internautes, qui sont aussi des citoyens, peuvent-ils accepter d’être mis à contribution pour financer la création, sans qu’enfin en contrepartie on les laisse en paix ?

Si vis pacem…

Ne jetons pas la pierre uniquement aux politiques, car les internautes ne semblent pas conscients que cette pacification juridique a un coût, qu’il faut être prêt à payer pour pouvoir en bénéficier.

Dans un récent sondage sur le financement de la création réalisé par BVA pour Orange et la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques), les français apparaissaient à 85% opposés au principe d’une taxation des FAI pour le financement de la création. Bien que ce sondage ne liait pas cette taxe à une légalisation des échanges non marchands,  ce type de réponses est certainement un des pires signaux à envoyer aux politiques, à un moment où la question du financement de la création revient au cœur du débat public.

Déjà auteur de l’ouvrage Internet et Création, Philippe Aigrain, dans Sharing,  (téléchargeable en ligne gratuitement), continue à avancer des arguments économiques en faveur de la mise en place de la contribution créative. Le site du livre contient une intéressante partie intitulée “Models”, qui à partir des données collectées par l’auteur, permet de réaliser des simulations des montants de contribution créative dégagés en faisant varier un ensemble de paramètres. Ce simulateur permet de montrer qu’une redevance de l’ordre de 4 euros, prélevée sur chaque abonné à l’internet en France, permettrait de lever près de 850 millions d’euros, à répartir entre les différentes filières de la création ! Une manne considérable, quand le CNN indique que la taxe Google sur la publicité en ligne par exemple, ne dégagerait que quelques dizaines de millions d’euros…

La grande force du modèle de Philippe Aigrain,  à la différence des différentes taxes proposées par les partis politiques, est qu’il ne vise pas à rémunérer uniquement les acteurs “professionnels” de la création, mais l’ensemble des créateurs de contenus en ligne Y compris les amateurs investis, qui contribuent pour une part significative à la vitalité culturelle d’Internet.

Mais dans un tel système, c’est avant tout la sécurité des échanges non marchands qui est garantie et c’est cette “paix numérique”, autant d’ailleurs que la création elle-même, que les internautes financent par le biais de la redevance versée.

Les exceptions pour confirmer la règle

La focalisation sur cette question du financement par la taxe fait oublier que même sans aller jusqu’à la mise en place d’une contribution créative, d’autres pistes existent pour parvenir à une “pacification” des rapports en ligne, et notamment celle des exceptions au droit d’auteur.

En ce moment, prononcez le mot “exception” et vous provoquerez un tollé unanime de la part des titulaires de droits (dernier en date, le Syndicat National de l’Édition au Salon du Livre, qui a vigoureusement rejeté ce type de réformes).  Pourtant, d’autres pays montrent tout le bénéfice que l’on pourrait tirer d’une ouverture plus grande des exceptions. Le Canada par exemple, est actuellement sur le point de réformer sa Loi sur le droit d’auteur, après des années de débats très tumultueux. Le texte, s’il comprend des points très négatifs, comme la consécration des DRM, explore aussi des voies inédites qui pourraient s’avérer très intéressantes, comme l’introduction d’une exception en faveur du remix. Une telle exception tient en quelques lignes, mais elle permettrait de « pacifier » efficacement des pratiques créatives comme le mashup ou le remix, étouffées,  stigmatisées et fragilisées dans le cadre juridique actuel.

La Hadopi elle-même a lancé dernièrement un chantier de réflexion autour des exceptions au droit d’auteur, sous la forme d’un questionnaire qui pose des questions percutantes. La consultation envisage par exemple de transformer les exceptions en de véritables “droits des utilisateurs” et elle va même jusqu’à proposer d’introduire une “exception permettant le partage d’œuvres à des fins non commerciales entre personnes physiques, assortie d’un mécanisme de compensation équitable”.

L’approche est ici différente de celle qui est à l’œuvre dans les projets de taxation évoqués plus haut, car si une compensation est envisagée, c’est en contrepartie d’un nouveau droit consacré au profit des individus. La taxe est le pendant d’un usage nouveau, reconnu et légitimé.

Il y a tout lieu de rester vigilant quand c’est Hadopi qui propose ces pistes. Tout comme les grands pollueurs pratiquent le Green washing pour racheter leur image, l’Hadopi se lance dans l’Open washing pour tenter de redorer son blason, dans un contexte où la Haute Autorité est fortement contestée et menacée. Mais on peut également déplorer que cette approche en termes de “droits des utilisateurs” ait quasiment complètement disparu du débat politique, au profit de cette surenchère de taxes, alors qu’il s’agissait d’un des angles les plus féconds pour renouveler la réflexion.

L’art de la guerre et l’art de la paix

La meilleure stratégie consiste à atteindre ses objectifs sans avoir à se battre (Sun Tzu. L’art de la Guerre).

En renonçant à lier la question du financement de la création avec celle de la consécration des droits des utilisateurs,  les politiques gâchent leur principale chance de rétablir la paix dans l’environnement numérique.

Il en résultera que le droit d’auteur, continuant à constituer une pomme de discorde entre les créateurs et leur public, poursuivra sa descente aux enfers, dans une crise de légitimité convulsive qui pourrait s’achever un jour par une remise en cause radicale à laquelle nul n’a intérêt.

En tant que citoyens, demandons à ce que la taxe serve à construire une Pax numerica et à reconstruire en profondeur le Contrat social, en garantissant nos libertés numériques.


Ilustrations par Marion Boucharlat pour OWNI /-)

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Pinterest épinglé par le droit d’auteur http://owni.fr/2012/02/28/pinterest-epingle-par-le-droit-dauteur/ http://owni.fr/2012/02/28/pinterest-epingle-par-le-droit-dauteur/#comments Tue, 28 Feb 2012 18:10:45 +0000 Lionel Maurel (Calimaq) http://owni.fr/?p=100003

Élu meilleure startup par TechCrunch en 2011, le réseau social Pinterest a le vent en poupe aux Etats-Unis et commence à faire parler de lui en France.  Déjà considéré comme “le nouveau Facebook” par certains, le site est le premier début 2012 à avoir atteint aussi rapidement une audience de 10 millions de visiteurs par mois.

Ce succès fulgurant cache néanmoins une polémique grandissante à propos du respect par le site des règles du droit d’auteur, car la contrefaçon semble inscrite dans ses principes même de fonctionnement. Reprenant le principe des visuals bookmarks, Pinterest permet en effet à ses utilisateurs de constituer un tableau en “épinglant” (to pin en anglais) leurs découvertes faites sur le web, à la manière d’un mur Facebook et de les partager avec les autres membres du réseau. A cette occasion, les images épinglées sont copiées sur les profils des utilisateurs de la plateforme, avec normalement un lien en retour qui procure aux sites d’origine un trafic intéressant.

Mais cette forme de compensation n’a pas paru suffisante à un nombre grandissant de producteurs de contenus graphiques, et notamment des photographes, qui ont considéré que Pinterest se livrait à une forme de parasitisme dommageable, et ce d’autant plus que le site a développé très tôt un modèle économique basé sur l’affiliation de liens. Certains sont allés plus loin et n’ont pas hésité à affirmer qu’un site comme Pinterest justifiait le vote des terribles lois SOPA/PIPA !


Pinterest n’est pas resté sourd à ces protestations et a réagi il y a quelques jours, en mettant à disposition un shortcode “nopin”, permettant à ceux qui le souhaitent de bloquer le fonctionnement du bookmarklet proposé par la plateforme, afin de pouvoir épingler directement les contenus à partir des navigateurs internet.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ces turbulences juridiques traversées par Pinterest soulèvent des questions plus générales, liées aux pratiques de partage des contenus sur Internet, et notamment au statut particulier des images. Il s’inscrit également dans la lignée des problèmes rencontrés par les sites de curation, qui peuvent se heurter à la rigidité actuelle des règles du droit d’auteur. Le cas de Pinterest soulève aussi des questions plus troublantes, car en y regardant de plus près, la start-up de l’année 2011 n’est peut-être pas si différente d’un MegaUpload, considéré comme l’antéchrist du copyright et débranché manu militari par le FBI, il y a quelques semaines.

Pinterest, sage comme une image ?

Reposant essentiellement sur des User Generated Content (UGC),  Pinterest s’appuie juridiquement sur les règles garantissant aux hébergeurs de contenus une limitation de responsabilité. Aux Etats-Unis, le Digital Millenium Copyright Act (DMCA) offre ainsi une sphère de sécurité (safe harbour) à ce type d’opérateurs, dont la responsabilité n’est engagée que s’ils ne retirent pas des contenus illégaux qui leur sont signalés par le biais d’une demande de retrait (takedown notice).

L’interface de Pinterest tient compte de ces paramètres juridiques en mettant à la disposition des titulaires de droits, en regard de chaque image partagée, un bouton de notification de violation de copyright renvoyant à un formulaire en ligne. Bien que certains analystes aient pointé du doigt des failles dans la procédure mise en place par le site, l’équipe de Pinterest assure déployer tous les efforts requis pour donner suite convenablement aux demandes de retrait.

Pinterest, capture d'écran du 28 février 2012

Néanmoins, un des désavantages de ce régime réside dans le fait qu’ils rejettent la responsabilité des contenus sur les utilisateurs du site et Pinterest n’échappe pas à la règle. Ses Conditions Générales d’Utilisation (CGU) indiquent clairement que les membres de Pinterest doivent être titulaires des droits sur les contenus qu’ils partagent ou qu’ils doivent disposer de l’autorisation explicite de leurs auteurs, à défaut de quoi ils engagent leur propre responsabilité :

You represent and warrant that: (i) you either are the sole and exclusive owner of all Member Content that you make available through the Site, Application and Services or you have all rights, licenses, consents and releases that are necessary to grant to Cold Brew Labs the rights in such Member Content, as contemplated under these Terms; and (ii) neither the Member Content nor your posting, uploading, publication, submission or transmittal of the Member Content or Cold Brew Labs’ use of the Member Content (or any portion thereof) on, through or by means of the Site, Application and the Services will infringe, misappropriate or violate a third party’s patent, copyright, trademark, trade secret, moral rights or other proprietary or intellectual property rights, or rights of publicity or privacy…

Comme le remarque certains commentateurs, il y a dans ces conditions une part certaine d’hypocrisie, car Pinterest est parfaitement conscient qu’il n’est pas un Flickr ou Picasa, destinés à stocker des images créées par leur auteur sur un compte personnel, mais bien un site de curation fonctionnant sur le principe de la republication de contenus. Certains vont jusqu’à dire que 99% des contenus du site sont partagés en violation des termes de service. Par ailleurs, l’interface encourage “fonctionnellement” ce type de partages, notamment par le biais du bouton “Pin it” mis à disposition des utilisateurs. Dans la présentation faite par le site de ce bouton, on peut lire notamment :

Once installed in your browser, the “Pin It” button lets you grab an image from any website and add it to one of your pinboards.

Cette incitation au partage pourrait d’ailleurs selon certains faire perdre à Pinterest le bénéfice de la limitation de responsabilité offerte par le DMCA, en le rendant coupable de “complicité de violation de copyright“.
Ce débat est intéressant, mais à ce compte-là, il faut l’étendre à beaucoup d’autres sites phares du web, puisqu’on retrouve ce même type de dispositions par exemple sur Facebook ou sur YouTube. Et cette question du partage des responsabilité entre l’hébergeur et les utilisateurs de la plateforme est également au coeur de l’affaire MegaUpload

Fair use or not ?

Indépendamment des règles de responsabilité, une autre question qui revient dans les analyses américaines consiste à savoir si Pinterest pourrait s’abriter derrière le fair use (usage équitable). Ce mécanisme d’équilibre de la propriété intellectuelle aux Etats-Unis, dont on évoque d’ailleurs de plus en plus fréquemment l’intérêt d’une transposition en Europe, permet en effet d’utiliser des contenus protégés, à condition de respecter un certain nombre de critères, parmi lesquels le fait de ne pas porter atteinte au marché potentiel de l’oeuvre.
A la lecture des commentaires, on se rend compte que les avis se divisent sur le point de savoir si l’usage que Pinterest fait des contenus est “équitable”. La plupart des juristes considèrent que l’application en justice du fair use à un tel site serait plus qu’aléatoire, notamment parce que Pinterest permet de republier et de stocker des reproductions intégrales des images, dans une bonne définition. Ces copies constitueraient des versions concurrentes des images originales, susceptibles de siphonner le trafic du site qui les héberge, surtout que dans certains cas des créateurs de contenus se plaignent qu’aucun lien en retour n’est fait vers leur site, ni mention du nom de l’auteur. Des recommandations figurent pourtant en ce sens dans la Pin etiquette, pour encourager les bonnes pratiques.
Néanmoins, ce type de jugements négatifs ne fait pas l’unanimité, notamment au sein de la communauté des photographes, pourtant globalement portés à considérer que Pinterest “vole” leurs contenus. L’un d’entre eux, Trey Ratcliff, s’est distingué, en publiant un billet incitant les photographes à arrêter de considérer chaque évolution comme une menace, pour essayer de saisir les opportunités offertes par les innovations du web.

Le compte Pininterest de Trey Ratcliff/capture écran

Il constate par exemple que le fait que ses photos soient reprises sur Pinterest a provoqué une augmentation de 15% du trafic de son site et que cet accroissement d’audience lui procure de nouvelles opportunités commerciales :

Most people in the world are good people. If they find digital art they want to buy for a print or use in a commercial campaign, they will figure out a way to get you money. 99% of your traffic is truly “window-shoppers.” They will look at your goods, take note, enjoy them and move on. But 1% will want to make a personal or business transaction with you. Despite what fear-mongers have told you, everyone will not steal your images. Most legitimate companies will work out a proper licensing arrangement with you.

Une relation Gagnant/Gagnant pourrait ainsi s’instaurer entre Pinterest et les fournisseurs de contenus, mais cette façon de “payer” les créateurs en trafic et en visibilité ne suffit certainement pas à satisfaire aux exigences du fair use américain.
La comparaison est pourtant souvent faite avec Google Images, qui a fini par l’emporter en justice, sur la base du fair use justement, contre des créateurs de contenus qui se plaignaient que ses robots indexent et copient leurs images. L’analogie est en effet tentante, mais Pinterest ne se contente pas d’afficher simplement des vignettes, comme le fait Google, qui de surcroît ne stocke que de manière temporaire les images qu’il indexe.
Au final, sentant que le fair use ne pourrait sans doute pas suffire à le protéger en cas de contentieux, Pinterest s’est orienté vers une autre voie, en proposant un système d’opt-out (option de retrait).

L’opt-out comme solution ?

Comme on l’a vu plus haut, Pinterest propose à présent un shortcode à implanter sur les sites internet, permettant de bloquer le bookmarklet mis à la disposition des utilisateurs de la plateforme pour partager les images directement depuis leur navigateur. Quelques jours après cette annonce, le site Flickr, qui constituait la troisième source des contenus partagés sur Pinterest a décidé de mettre en place automatiquement ce code sur toutes les photographies copyrightées qu’il héberge.
Cette solution technique a été saluée comme une avancée et une preuve de bonne volonté de la part de Pinterest, mais elle divise encore visiblement la communauté des producteurs de contenus, qui se demandent s’ils doivent accepter ce procédé ou aller encore plus loin dans leurs revendications. Certains font valoir par exemple que beaucoup de créateurs ne pourront pas faire jouer l’opt-out, tout simplement parce qu’ils n’ont pas la main sur leur site et ne peuvent implanter la ligne de code proposée. La solution n’est pas non plus parfaite sur le plan technique, puisqu’il restera possible “d’épingler” les photos à partir de Google Images, même si l’on a verrouillé son propre site.

Le site de musique Grooveshark/capture écran

Mais surtout, juridiquement, l’opt-out ne constitue pas un moyen de se mettre en accord avec les règles du droit d’auteur. Celui-ci implique en effet un consentement préalable explicite des titulaires de droits et nul n’est fondé à faire jouer la règle du “qui ne dit mot consent”.
Encore faut-il peut-être nuancer ces affirmations. En effet, en ce qui concerne les moteurs de recherche, la jurisprudence a  admis dans  les années 2000 que l’indexation du contenu des sites web et leur stockage temporaire en cache sur les serveurs de Google constituaient bien des usages compatibles avec le fair use américain. Mieux encore, les juges ont considéré qu’il était équitable que les sites puissent faire jouer seulement un opt-out, pour demander à ce que les robots d’un moteur de recherche n’indexent pas son contenu.
Le problème, c’est que cette jurisprudence libérale n’a pas été étendue à d’autres formes d’usage des contenus. Google en a d’ailleurs fait l’amère expérience des deux côtés de l’Atlantique, à la fois  en ce qui concerne Google Actualités par exemple, ou Google Books pour lequel il a essayé d’imposer une solution d’opt-out.

Cette absence de valeur en justice de l’opt-out fait que certains demandent maintenant à Pinterest de mettre en place un opt-in, qui pourrait par exemple prendre la forme d’un bouton de partage dédié que les producteurs de contenus installeraient sur leur site pour manifester leur consentement et donner un moyen d’exporter leurs images.
La question cependant, c’est que si on impose cette solution à Pinterest, pourquoi ne pas exiger la même chose de quasiment tous les médias sociaux, qui permettent des republications de contenus, et en particulier les sites de curation ?

Les affres juridiques de la curation

La polémique qui frappe Pinterest a quelque chose de surprenant, car à vrai dire, les sites qui pourraient soulever ce genre d’accusations de violation du copyright sont légion. Tumblr par exemple, autre réseau social qui a le vent en poupe en ce moment aux Etats-Unis, fonctionne aussi  largement sur la republication de contenus graphiques et propose un bouton de partage à partir des navigateurs. Que dire également de StumbleUpon dont le principe consiste depuis longtemps à partager ses trouvailles avec son réseau en cliquant sur un bouton au fil de la navigation ?
Plus largement, des questions juridiques assez similaires avaient surgi l’année dernière, au moment du buzz autour des sites de curation. J’avais pour ma part alors essayé de montrer que c’était justement en grande partie les problèmes liés à la réutilisation des images qui fragilisaient fortement la condition juridique des pratiques de curation. Des sites comme Scoop-it ou Pearltrees soulèvent finalement des questions assez proches de celles qu’agite Pinterest en ce moment. Sans doute est-ce la croissance rapide de ce dernier qui a fait exploser les critiques, jointe au fait que le site dispose d’emblée d’un modèle économique. On peut cependant à présent se demander si  une propagation de ces revendications ne va pas se produire, qui pourrait affecter l’ensemble du paysage des médias sociaux.
Mais les parallèles que l’on peut faire à propos de cette affaire ne s’arrêtent pas là…

Entre Pinterest et MegaUpload, une simple différence de degré ?

En voulant s’attaquer à Pinterest, plusieurs commentateurs ont fait des comparaisons directes avec des sites qui ont jalonné l’histoire du piratage sur Internet. On trouve ainsi des billets affirmant que Pinterest constitue “le nouveau Napster” ou qui se demandent s’il ne ressemble pas davantage “à Grokster qu’à Facebook“.

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Ces accusations ne sont pas anodines, car ces sites de partage de contenus ont fini par être fermés, suite à des procès intentés par les industries culturelles américaines, qui ont réussi à les priver de la protection accordée aux hébergeurs de contenus.
En allant plus loin, on peut faire un parallèle entre la polémique soulevée par Pinterest et une plainte en cours déposée par des titulaires de droits à l’encontre du site musical Grooveshark : ce site est attaqué parce qu’il permettait à des utilisateurs de charger des fichiers sur sa plateforme et de les diffuser publiquement en streaming, alors même que Grooveshark proposait un partage des revenus publicitaires avec les artistes et les producteurs.

La question que je pose est la suivante : au fond, quelle différence existe-t-il entre un Pinterest et un Grooveshark ? Et avec un MegaUpload ?

Il y a bien entendu des différences sensibles au niveau du modèle économique, mais s’agit-il d’une différence de nature ou simplement de degré ?
Cela signifie qu’entre la startup de l’année et un site considéré à présent comme l’incarnation juridique du mal par excellence, il existe un continuum, créé par  la rigidité actuelle du droit et son incapacité à saisir et organiser de manière équilibrée les échanges de contenus entre utilisateurs.

Une autre photo de la guerre du web

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Passée la dimension policière de l'évènement, l'affaire MegaUpload a ravivé les débats sur la gestion des droits ...

C’est aussi cette raison qui devrait nous faire frémir quand des personnes réclament l’application de systèmes aussi brutaux que la loi SOPA aux sites comme Pinterest, car comme je l’ai montré ci-dessus, c’est quasiment l’ensemble des médias sociaux qui peuvent soulever des critiques similaires et qui demeurent à la merci des attaques des titulaires de droits.

Il sera sans doute intéressant de voir ce qui se produira lorsque Pinterest commencera à se développer en France. Comme je l’ai montré dans une chronique précédente, la communauté des photographes français se montre particulièrement hostile aux pratiques de partage de contenus. Par ailleurs, en l’absence d’un fair use, le droit d’auteur français n’autorise qu’un usage très limité des images, ce qui avait conduit l’an dernier à une condamnation retentissante de Google Images.
C’est pourtant toute une partie du développement de l’économie numérique qui se joue derrière les enjeux soulevés par l’affaire Pinterest et des firmes innovantes auront du mal à émerger si elles peuvent à tout moment se faire ainsi “épingler” pour violation du droit d’auteur…


Illustration de la chronique du copyright par Marion Boucharlat pour Owni /-)
Captures d’écrans.

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