OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 L’Espagne du #19J en affiches http://owni.fr/2011/06/20/lespagne-du-19j-en-affiches/ http://owni.fr/2011/06/20/lespagne-du-19j-en-affiches/#comments Mon, 20 Jun 2011 12:18:07 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=70764 La marche du dimanche 19 juin [#19J] contre la crise a réuni plus de 200 000 personnes dans toute l’Espagne selon El Pais [es].  L’organisation n’a pas été laissée au hasard: le rendez-vous était donné dans six différents points de Madrid dès le matin, entre 9h00 et 10h00, pour converger vers la place Neptune à 14h00, au sud du parc Retiro, et à 200 mètres de l’Assemblée (El congreso).

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Des revendications inchangées

Les revendications restent les mêmes, sur la corruption politique, le changement de la loi électorale, la transparence bancaire, le système des hypothèques qui met à la rue des milliers de personnes et le chômage.Le rejet du pacte de l’Euro était cependant au coeur des revendications de cette journée de mobilisation. Ce dernier demande aux pays de la zone Euro de trouver un compromis et de faire des propositions sur différents points clefs: salaires et compétitivité, emploi, finances publiques et contrôle du déficit. Proposé par Bruxelles le 12 mars dernier, il sera soumis au vote le 27 juin prochain.

Carte réalisée par The Technoant (cliquer pour accéder au site)

Le 23 juillet, l’Espagne se donne rendez-vous à Madrid

Le mouvement du #15M prépare déjà la prochaine grande manifestation. Des marches de plusieurs centaines de kilomètres, venant des quatres coins du pays, se dirigent vers Madrid. L’acampada de Valence [es] tire la première, avec une marche de 500km sur 34 jours. C’est la route Est. La marche de Barcelone, [es] la route Nord-Est, partira le le 25 juin. Le rendez-vous est donné à Madrid le 23 juillet prochain.

Voici une deuxième sélection d’affiches issues du tumblr Voces Con Futura.

L'Espagne est arrivée à saturation. S'il vous plait, réessayez le 19 juin. Pour plus d'informations, lisez #spanishrevolution.Ils l'appellent "crise" mais c'est une escroquerie. Indignez-vous !

Faites nombre (ajoutez-vous au mouvement)

Politique, corruption et mensonges


C'est maintenant qu'il faut se lever et lutter ensemble contre la corruption

Si le système est totalement corrompu,l'autorité n'est rien d'autre qu'un pantin du système. Ne les laissez pas vous écraser.

Le pacte de l’Euro

Le 19 juin fais entendre ta voix. Dis non au pacte de l'Euro!

Le système ne veut pas de citoyens, il veut des esclaves. Non au pacte de l'Euro

Le 19 juin, descendons dans la rue

Expulsions et banques

Des familles expulsées. Votre violence. Notre indignation. 19juin

Hypothèque. Jusqu'à ce que la mort nous sépare.

Le rêve de la banque produit des monstres

Organisation de la mobilisation à Madrid

Marche des colonnes, le 19 juin (les 5points représentent les lieux de rendez-vous aux quatre coins de Madrid)

Marchons ensemble contre la crise et le pacte de l'Euro.

Le 19 juin : tous les quartiers au Congrès

Globalisation du mouvement

Je veux être islandais

Levez-vous maintenant !

Réveil de la conscience citoyenne

Le moment est venu de faire ton choix. Dimanche 19 juin sur toutes les places.

Agis ! Ne sois pas un légume !

La télévision : "Je mens" - Eteins la télé et descends dans la rue !

Tu naîtras, vivras et mourras libre. 15M. Créer c'est exister. Exister c'est créer.


Source des affiches : Voces con futura
Entretien avec Voces Con Futura in La voix graphique de l’Espagne

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Espagne Labs: inventer la démocratie du futur http://owni.fr/2011/06/06/espagne-labs-inventer-la-democratie-du-futur/ http://owni.fr/2011/06/06/espagne-labs-inventer-la-democratie-du-futur/#comments Mon, 06 Jun 2011 07:14:06 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=66317 Ne croyez pas que le mouvement espagnol s’étiole, bien au contraire ! Il entend passer à la vitesse supérieure, conscient de ses défauts et de ses qualités, et des décisions nécessaires à prendre pour avancer, sur le plan de l’organisation et de la logistique. La révolution, le changement, sont dans la rue et sur les places des quartiers. Mais c’est aussi sur les réseaux que se joue la partie la plus intéressante du mouvement, lancé par la manifestation du 15 mai dernier.

¡HackSol!

Dès la formation d’acampadasol et dans les jours qui suivent, les hackers de Madrid décident de prêter main forte au mouvement. Ils créent rapidement les outils de base qu’ils mettent à disposition de leurs compagnons comme les deux blogs Wordpress tomalaplaza et tomalosbarrios. Dans le bar du Patio de las Maravillas, rempli de lycéens bruyants, Dani raconte la naissance du collectif :

Le groupe Hacksol a surgi de lui-même de l’acampadasol. Nous nous sommes très vite rendus compte à l’ampleur du mouvement, qu’il y aurait une montagne de choses à gérer au niveau technologique.

Le patio est un centre social et culturel autogéré, dans le quartier de Malasaña, berceau de la movida espagnole. L’immeuble est désaffecté, tout en travaux inachevés. Certains étages sont vides, d’autres accueillent des services sociaux, des réunions de quartier ou d’association, des ateliers artistiques, des cours d’espagnol ou des projections de films. Hacksol réunit également des programmeurs, des graphistes et des étudiants dont une partie sont au chômage. Les hackers apportent au mouvement leur expertise technique, numérique, et gèrent les infrastructures web du mouvement, des serveurs aux listes de courrier.

Dani me présente à ses compañeros, Antonio et Charlie, hackers de leur état, dépassés par les évènements mais jamais à court d’idées et de ressources. Le nombre de participants sur le réseau monté par les hackers a quadruplé, les serveurs ont chauffé, et ils ont vite été débordés. L’extension du mouvement dans la rue en Espagne et à travers le monde, se reporte sur le web. La nécessité de transposer cette intelligence collective sur le réseau est devenue une priorité.

“Mettre l’intelligence collective sur le réseau”

Ils expliquent :

A partir de ces constatations, il a fallu repenser le réseau que nous avions construit dans l’urgence et créer de nouveaux outils.

Le blocage sur la levée du campement de l’assemblée de Sol les a également poussé à se poser la question de la prise de décision et du vote avec les commissions. La création d’une sous-commission de Hacksol, le groupe VOX, composé de programmeurs, de juristes spécialisés dans le droit sur Internet, de sociologues et de politologues ainsi que de toute personne souhaitant participer, sera chargée de penser et de développer les outils de la démocratie du futur et de changer et améliorer les processus de décision actuels. Pas simple mais passionnant, et entre les mains de tous les citoyens.

La particularité de notre génération de hackers à Madrid, est de s’être mêlés à la population depuis toujours. Nous ne sommes pas inaccessibles, au contraire ! Cela fait 15 ans que nous partageons nos connaissances avec les centres sociaux et associations culturelles de quartier, à travers le montage d’infrastructures web et d’ateliers de formation.

Antonio nous écoute parler en tapant sur son mini ordinateur couvert de stickers. Il dit qu’il croit au changement, mais pas à la révolution. “Les révolutions entraînent beaucoup de morts et aujourd’hui nous avons les outils pour agir pacifiquement et obtenir ces changements.” L’Espagne serait-elle le laboratoire numérique de la démocratie demain ? Dani embraye : “Nous nageons en pleine expérimentation, c’est la première fois que des millions de personnes dans un pays et dans le monde se réunissent autour d’une même cause, pour une démocratie réelle et participative, pour changer le système actuel.” Et Tonio d’ajouter, en souriant :

Hemos entrado en el Madrix

Adieu Facebook, Twitter et Google : hola les outils alternatifs

Antonio a beau avoir l’air nonchalant il ne cesse de s’activer sur son ordinateur. Dans les cartons, le développement d’outils web, sous licence libre et open source, bien sûr, pour relier toutes les assemblées entre elles, au niveau local et national, avec les plateformes comme tomalosbarrios, mais aussi au niveau mondial avec une plateforme dédiée, Take the Square. En cours de finalisation, un téléphone 100% voIP permettra de se connecter dans le monde entier, gratuitement et d’envoyer des sms en masse. Un Skype de la culture libre, dont la béta est déjà prête, et développé avec le logiciel Linux Asterisk qui permet d’installer des centrales téléphoniques. Des listes de discussion et des Pirate-pad pour remplacer respectivement les google ou yahoo groups/documents. Et surtout, un réseau social alternatif et citoyen qui permettra de passer au-dessus de Facebook et Twitter.

Les deux premiers seront utilisés pour la communication extérieure seulement, comme une vitrine. Mais le plus important, les discussions des assemblées, les prises de décisions, les groupes, les comptes rendus, passeront par un autre réseau social, non commercial, du nom de N-1 créé par et pour la communauté, par le réseau Lorea qu’OWNI avait rencontré au Hackerspace de Toulouse la semaine précédente. N-1 a été développé avec le moteur de réseaux sociaux Elgg avec dans l’idée d’avoir toujours ses propres plateformes et de contourner les réseaux sociaux commerciaux. Tout en continuant à les utiliser intelligemment… L’idée est bien de parvenir à une certaine autonomie technologique et que ces outils servent de base à d’autres assemblées dans le monde.

Madrid fourmille d’idées et l’Espagne de hackatons en série. Le premier commence cette semaine à Madrid avec des développeurs de Lorea venus prêter main forte à l’équipe madrilène. Un quatrième hacker, Luca, venu d’un hacklab italien et qui a passé quelque temps à Barcelone, compte s’installer à Madrid dès cet été, “au cœur de la révolution démocratique”.

Les hackers sortent de l’ombre

La nuit est tombée sur Madrid, le patio de las maravillas est rempli de monde. Il est temps de se diriger vers Sol, où les quatre hackers ont rendez-vous avec quatre personnes de l’acampadasol, de la commission communication, pour préparer la grande assemblée générale du lendemain soir. Une cinquantaine d’acampadas d’Espagne, et des acampadas internationales [#interacampadas]. Sur la place de la puerta del sol, toutes les tentes sont occupées et le petit groupe se repli sur une cafétéria à moitié vide, d’une rue adjacente. Les quatre filles et les quatre garçons discutent pendant plus de deux heures, et point par point, l’échange se fait entre les besoins concrets des assemblées de quartier et les propositions de Hacksol pour améliorer le système actuel. Pour la première fois demain, les hackers se présenteront officiellement à tout le monde et auront l’opportunité d’expliquer le fonctionnement et le but des outils mis en place sur Internet.

Le lendemain, après l’assemblée de quartier Los Austrias à la Latina, direction la Tabacalera, un autre centre culturel autogéré dans le quartier populaire de Lavapiès, au sud de la place Sol. Le bâtiment est imposant, la hauteur de mur sous plafond doit bien atteindre sept ou huit mètres, des bâches en plastique font office de rideau entre les différentes pièces. Ici une scène musicale, là un atelier de peintre, et dehors, des jongleurs, un potager, des installations d’artistes. Dans le hangar à côté, les acampadas sont en réunion depuis deux heures. 100 à 200 personnes se trouvent sur le site, donnant au lieu des airs de Demeure du Chaos.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

À la recherche de l’autonomie technologique, Hacksol entre en scène sur les coups de 19h00, dans la nave trapecio, un grand hangar qui sert de salle de réunion. Ils font œuvre de pédagogie, expliquent la nouvelle organisation et les buts recherchés : décentraliser le mouvement – Madrid ne sera plus le point de passage obligé – et se répartir la charge sur la gestion des infrastructures web.

Chaque ville devra se mettre en contact avec des programmateurs ou des hackers de confiance. La red tiene que ser libre, tiene que ser nuestra (le Net doit rester libre, il doit nous appartenir)

Sont également abordées les questions juridiques et financières. Qui va payer pour les serveurs ? Qui sera responsable de la base de données des utilisateurs du réseau N-1 auprès de la Commission gouvernementale de la protection de données ? Qui prendra la responsabilité juridique des contenus publiés sur le réseau ?

Vient le tour des questions, où chaque acampada de Séville, Malaga, Algeciras, Oviedo, Donosti – et d’autres villes encore – fait part de ses besoins, mentionne les outils qu’elles utilisent déjà et en propose d’autres. La question du design des sites par exemple, est abordée par plusieurs acampadas et très rapidement, la décision est prise de mettre en place une coordination nationale des graphistes et des webmasters, avec une liste de discussion sur le modèle de celle qui existe déjà pour les programmeurs. Le représentant d’Algeciras invite même Hacksol à faire des ateliers de formation au web sur la plage pendant que celui d’Asturie précise qu’ils ont développé une application de co-voiturage qui pourra être mise à disposition de tous. Un autre propose d’utiliser des plateformes de crowdsourcing pour financer les coûts technologiques. L’ambiance est à la fois studieuse et bon enfant. L’assemblée prendra fin sur les coups de 23h00.

Ils ont bien en tête que les infrastructures et outils qui sont développés maintenant doivent pouvoir servir à tous, en Espagne et dans le monde entier. Pour eux il est évident que le mouvement va s’étendre et que les places vont se coordonner entre elles. Et que le changement viendra.


Photos et vidéos, Ophelia Noor pour Owni /-)

Image de Une par Voces con Futura

Retrouvez notre dossier sur la démocratie réelle en Espagne.

Tout les articles concernant l’Espagne sur Owni /-)

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Madrid: fonctionnement d’une assemblée de quartier http://owni.fr/2011/06/05/madrid-fonctionnement-dune-assemblee-de-quartier/ http://owni.fr/2011/06/05/madrid-fonctionnement-dune-assemblee-de-quartier/#comments Sun, 05 Jun 2011 19:25:44 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=66184

Sauf indication contraire, tous les liens sont en espagnol

Si le mouvement du 15M, mobilisé contre le système politique espagnol actuel, est toujours vivace à Madrid, entre les assemblées générales de la place Sol et les nouvelles assemblées dans les quartiers, il doit faire face à des questions de fonctionnement cruciales pour assurer son avenir. Depuis l’annonce des résultats des élections régionales et municipales le 22 mai, le mouvement cherche à se décentraliser de Sol et “défendre dans toutes ces assemblées un fonctionnement transparent, à l’horizontal, (…) dont l’objectif principal sera d’éviter que surgissent des chefs qui décident pour l’ensemble de la communauté sans la prendre en compte, comme le font les politiques”. Les premières assemblées s’étaient donc réunies sur les places des quartiers le samedi 28 mai pour la première fois.

Madrid. Samedi 4 juin, au cœur de la Latina, l’assemblé de quartier Los Austrias ouvre sa séance à 12 heures sur la place Carros. Un quartier bobo de la capitale où vivent beaucoup de gens du spectacle (scénaristes, comédiens, etc..). Entre 50 et 100 personnes sont réunies sur la petite place, tous âges confondus. La modératrice ouvre la séance avec une présentation de l’assemblée de quartier, de ses fonctions et de ses objectifs : prendre des décisions sur les propositions d’actions concrètes et pour chacune d’entre elles, arriver à un accord unanime [un consenso]. Des équipes d’environ dix personnes animent la séance et à chacune d’entre elle est attribué un poste avec une liste de tâches. Aucune personne ne peut garder ce poste de manière définitive et un système de rotation est mis en place avec tous les citoyens de la place qui sont donc appelés à participer.

Composition et organisation des assemblées populaires

L’assemblée du quartier Los Austrias, sous la chaleur de ce samedi midi, était composée de la manière suivante :

  • Une modératrice, qui anime le débat, est chargée du bon déroulement général de l’ordre du jour, et de la durée de la séance. Elle suit les réactions de l’assemblée grâce aux différents types de gestes mis en place. (cf plus bas)
  • Un facilitateur : attentif aux débats, en cas de blocage, il va ré-articuler tout ce qui s’est dit précédemment et faire une proposition de consensus qui sera ensuite soumise au vote.
  • Une secrétaire de séance, qui prend en note les décisions finales qui seront actées.

  • Deux personnes chargées de la gestion des tours de parole : munis d’un cahier et d’un stylo, ils listent les personnes qui souhaitent prendre la parole pendant la séance.
  • Plusieurs délégués de séance qui seront chargés de faire le lien avec les autres commissions et porter le message de son assemblée de quartier à l’assemblée générale.
  • Un ou une interprète de la langue des signes.
  • Plusieurs personnes de la commission Respect, chargée de contrôler les débordements lors des discussions, comme les insultes par exemple.

Des gestes pour communiquer

Un système de gestes a été mis en place pour montrer visuellement son accord ou son désaccord ou le fait de vouloir nuancer une proposition. Un système qui permet de ne pas interrompre la personne qui termine son exposé, au modérateur de gérer le débat et en attendant que votre nom soit noté pour prendre votre tour de parole. Avant d’aborder les points clefs de l’ordre du jour, la modératrice ré-explique aux participants quels sont les différents gestes et leur signification.

#1- L’approbation

J’approuve.
Je suis en faveur de cette proposition.
Action : lever les bras et agiter les mains en tournant rapidement les poignets.

#2- Le doute ou la nuance

Je souhaite apporter une nuance à cette proposition.
Action : je lève un bras.
Les personnes sont ensuite invitées  à faire signe aux personnes chargées des tours de parole afin qu’ils les inscrivent sur la liste. Ils exprimeront ensuite leur point de vue à l’assemblée.

#3- Le désaccord avec blocage

Je suis totalement contre cette proposition.

Action : lever les mains et les croiser au niveau des poignets en fermant les poings.
..

Que se passe-t-il à ce moment là ?

Si une ou plusieurs personnes sont en désaccord radicale avec la proposition, des tours de paroles sont institués comme suit :

  • Trois personnes qui se prononcent contre.
  • Trois personnes qui sont pour.
  • Ces six personnes viennent tour à tour prendre le micro, et exposent leur opinion à l’assemblée.
  • La proposition est à nouveau soumise au vote.
  • Mais il subsiste encore des personnes contre la proposition.
  • On demande à l’assemblée si elle souhaite enclencher un autre tour de parole.
  • Si oui s’ouvre alors une autre série de tours de parole, toujours avec : 3 contre et 3 pour
  • L’assemblée vote à nouveau, pour la troisième fois.
  • S’il subsiste encore des personnes contre la proposition, elle sera soumise à nouveau à la prochaine réunion en prenant en compte les opinions exprimés

.#4- Hors-sujet ou répétition

La personne qui a pris la parole s’égare du sujet principal ou répète des choses qui ont déjà été dites.

Action : lever les bras et les mouliner.

#5- Ecourter la prise de parole

La personne qui a pris la parole s’éternise et doit en venir au fait.

Action : joindre les deux mains à plat en les levant vers le ciel.
.

#6-Le désaccord sans blocage

Je ne suis pas d’accord avec ce qui est en train de se dire, et je vous le montre par ce geste, mais je ne veux pas interrompre l’assemblée.

Action : passer plusieurs fois sa main, à plat et devant son visage, du haut vers le bas.

Blocages sur la prise de décisions

L’assemblée continue avec la lecture d’un résumé des propositions adoptées pendant l’assemblée générale de Sol [acampadasol] réunie la veille, vendredi 3 juin sur la place Sol à Madrid. Une assemblée générale de grande ampleur où étaient convoqués pour la première fois tous les représentants des 54 #acampadas d’Espagne et des internationaux #interacampadas. Est notamment évoquée l’épineuse question du campement sur la place : une minorité de personnes souhaitent maintenir en place les infrastructures actuelles. Une majorité souhaite décentraliser le mouvement de la place Sol et diriger toutes les énergies vers les assemblées de quartier, tout en conservant un point d’information.

Actuellement, le processus de prise de décisions mis en place joue contre l’assemblée générale à Sol [#acampadasol]. Il est extrêmement lent car il permet à tout un chacun de prendre la parole pour donner son opinion. Les propositions étant validées par un consensus unanime, une seule personne contre suffit à bloquer l’avancée du mouvement. Pour cette raison, l’acampadasol est bloquée sur cette question du campement depuis une semaine : “c’est le même groupe qui bloque toutes les décisions de l’assemblée “, me racontent les personnes de la commission communication, chargées des questions relatives à Internet. J’ai pu assister à leur réunion de coordination vendredi soir et tous sont conscients que ce type de blocage pourrait aussi intervenir au niveau des assemblées de quartier et affaiblir le mouvement.

Nous avons été infiltrés par des représentants de partis politiques, de syndicats, nous avons même eu affaire à une personne qui a parlé en notre nom aux médias. À Sol c’est le même groupe qui bloque les décisions et nous empêche d’avancer.

Pour cette raison, une nouvelle proposition vient compléter le processus de prise de décisions #3 “Désaccord avec blocage” et sera soumise pour ratification aux assemblée de quartier. La validation d’une proposition fonctionne dans cet ordre :
Assemblée de quartier ou de municipalité : propositions
Assemblée générale de Madrid : décisions en commun
Assemblée de quartier ou de municipalité : ratification
Assemblée générale de Madrid : décision définitive

À cela s’ajoute la création d’un groupe de travail, VOX, chargé de penser à des nouveaux processus de décision plus dynamiques à mettre en place dans cette nouvelle démocratie réelle qui prend corps chaque jour sur les places espagnoles.

Vers un consensus non unanime ?

Les citoyens qui ont pris en charge la séance font preuve d’humour et de patience, comme les participants de l’assemblée. Le système des signes est plutôt bien respecté, certains sont intimidés lorsqu’ils se retrouvent debout devant tout le monde avec le micro en main, pour exposer leurs point de vue.

La première proposition à l’ordre du jour est donc de permettre aux assemblées d’adopter des propositions sans consensus général. Il sera spécifié dans les actes, que la décision a été prise sans accord unanime. Au processus #3 décrit plus haut, s’ajoute donc la possibilité à la fin des trois tours de vote, d’adopter la proposition même s’il subsiste des personnes en désaccord, dans une proportion de 1 pour 100.

La proposition ne fait pas l’unanimité : une personne se prononce contre, comme le montre cette vidéo sous-titrée en français :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Que va-t-il se passer ensuite ? Après plusieurs tours de paroles et plusieurs votes, le facilitateur fera un résumé de ce qui a été dit et formule une nouvelle proposition : “Nous nous rendons tous compte que nous sommes en phase de rodage et nous allons garder, pour le moment, le fonctionnement actuel, c’est-à-dire avec une prise de décision validée par un consensus général. Cependant, nous allons ajouter dans notre liste de tâche cette proposition sur le consensus non unanime et y travailler. Cette décision pourra bien sûr être révoquée lors d’une prochaine assemblée.” Après un tour de vote, la proposition du facilitateur est unanimement adoptée, des applaudissement retentissent, la médiatrice remercie l’assemblée et passe au second point de l’ordre du jour.

L’assemblée aura duré en tout presque trois heures.


Photos Ophelia Noor pour Owni /-)
Image de Une par Voces con Futura
Retrouver notre dossier sur la démocratie réelle en Espagne :

Espagne Labs: inventer la démocratie du futur

La voix graphique de l’Espagne

Comprendre la révolution espagnole

Notre précédent dossier, du 21 mai 2011, sur la naissance du mouvement.

Tout les articles concernant l’Espagne sur Owni /-)

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http://owni.fr/2011/06/05/madrid-fonctionnement-dune-assemblee-de-quartier/feed/ 11
La voix graphique de l’Espagne http://owni.fr/2011/06/04/la-voix-graphique-de-lespagne/ http://owni.fr/2011/06/04/la-voix-graphique-de-lespagne/#comments Sat, 04 Jun 2011 08:31:14 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=65543 La #spanishrevolution, qui se décline en campements et assemblées populaires à travers le pays, sur le web et les places des quartiers, est également visible graphiquement. C’est la voix créative de l’Espagne dont nous avons tous eu un aperçu à travers des photos diffusées sur le réseau, faite de slogans et de visuels souvent audacieux et inventifs.

Cette effervescence graphique sans précédent se retrouve surtout sur le web. Hormis les visuels officiels des collectifs les plus connus, comme Nolesvotes, Juventudsinfuturo, ¡Democraciarealya!, Toma la plaza !,  qui sont téléchargés et imprimés pour les manifestations, d’autres initiatives existent sur la toile. Deux projets notamment se distinguent dans la construction d’une mémoire visuelle collective de ce mouvement populaire :

L’un, Voces con Futura propose une sélection d’affiches très graphiques. Le projet est porté par une graphiste directrice artistique vivant à l’étranger et préférant garder l’anonymat “afin que l’attention soit dirigée vers les affiches et non les personnes”. Une idée que l’on retrouve dans les spécifications du projet, où il est précisé que les oeuvres seront publiées anonymement afin de ne pas faire de l’ombre à l’initiative. Contactée par email, elle nous raconte quelles étaient ses motivations :

En tant que graphiste espagnole expatriée je voulais me rendre utile au mouvement. Il me paraissait important de faire un travail de curation, et de communiquer, sur cette effervescence graphique. Tumblr est l’outil idéal pour sa diffusion.

La prochaine étape est l’extension du projet au niveau international, les consignes viennent tout juste d’être traduites, et un appel à participation vient d’être lancé sur la page d’accueil, tant aux graphistes qu’aux traducteurs.

L’ autre initiative s’appelle Spanish Revolution. Elle est portés par deux jeunes graphistes, Adrian Velez et Jorfe, récemment diplômés. Ils sont convaincus que “le monde a besoin de changer rapidement.” Et d’ajouter : 

Notre but était de créer un lieu d’expression pour tous ceux qui ont des choses à dire sous une forme artistique, un lieu pour laisser libre cours à nos inquiétudes, nos envies de hurler aux quatre vents que nous sommes fatigués du système.

Ce projet réunit des visuels beaucoup plus variés. On trouvera aussi bien des vignettes de BD que des dessins satiriques, des photos ou des affiches très graphiques comme celles de Voces con Futura.

Des dessinateurs connus et notamment de l’hebdomadaire satirique El Jueves ont participé à l’aventure ainsi que des photographes, des écrivains, et beaucoup de graphistes. Les deux compères ne s’attendaient pas à un tel succès, ni d’avoir le soutien d’Alex de la Iglesia, réalisateur et président démissionaire de l’Académie du Cinéma espagnole. Ils passent une bonne partie de leur temps libre a trier, éditer et sélectionner les affiches qui leurs arrivent chaque jour.

Nous vous proposons donc une sélection de 30 affiches des deux sites dont les références graphiques vont du cinéma aux jeux vidéos, en passant par les classiques détournements de logos ou d’affiches des révolutions passées. Les thèmes abordés reflètent autant les revendications politiques, économiques et sociales que la nature du mouvement en lui-même. Un mouvement dont les deux faces, dans la rue et sur Internet, sont indissociables et complémentaires.

La révolution espagnole ne sera pas télévisée.

(vocesconfutura)

Référence à Gil Scott Heron et à l’article tant commenté sur le web de Malcom Gladwell, ‘Why the revolution will not be tweeted” et publié dans le New Yorker.

(vocesconfutura)

Les politiciens nous pissent dessus, les médias disent qu’il pleut.

(blog spanishrevolution)

Ceux qui résistent réalisent leurs rêves.

(vocesconfutura)

Dessin représentant l’assemblée populaire de Sol à Madrid #acampadasol

(blog spanishrevolution)

Zapatero cherche à sortir de la crise : “Froid ! Froid !”

(blog spanishrevolution)

Désolés pour le dérangement, nous sommes en train de changer le monde.

(vocesconfutura)


“Si vous ne savez pas écouter le peuple, allez donc gouverner le Mordor.

“Eh! eh! What the fuck ! Ne nous envoyez pas vos racailles, nous en avons eu assez avec 30 ans de dictature”

(blog spanishrev)


Indignés !

(vocesconfutura)

“Loi d’Hondt : si c’est une démocratie, laissez-moi participer”.

(vocesconfutura)

Remise en cause du système de comptage des voix en vigueur en Espagne. La méthode d’Hondt [fr] [en] fait une première répartition des sièges en calculant le rapport en le nombre de voix obtenues et le nombre de sièges à remplir dans une assemblée. Mais une seconde répartition permet d’obtenir des sièges supplémentaires aux partis qui ont obtenu une forte moyenne. Ce système favorise donc nettement les grands partis.

“Démocratie interrompue. Fermé : je reviens dans 4 ans.”

(vocesconfutura)

“La violence, c’est de payer les gens 600 euros.”

(vocesconfutura)

En Espagne le salaire minimum tourne autour de 650 euros.

“Je suis là pour que tu fasses un choix…”

“Choisir quoi ?”

“…entre deux pastilles. Une rouge et une bleue”

“Non !”

(blog spanishrevolution)

Référence au film Matrix. Ici les pastilles représentent le PP, parti de droite, et le PSOE, parti de gauche.

“Les mains en l’air, ceci est un contrat ! Un travail digne pour tous.”

(vocesconfutura)

Votez Espoir !

(vocesconfutura)

#15M : “

“Vous vous rendez compte que nous pouvons nous organiser sans eux ?”

“Vous vous rendez compte qu’ils peuvent s’organiser sans nous ?”

(blog spanishrevolution)


Nous sommes plus nombreux.

(vocesconfutura)


“La même merde, une odeur différente.”
Zapatero : “Je ne comprends pas, pourquoi n’applaudissent-ils plus ?”
Rajoy : “Je ché pas Joché Louish. Au mieush, on leur donne des bonbons et ils vont che calmesh”
Zapatero : “Je commence à avoir peur, prends moi dans tes bras Mariano”
Rajoy : Tu chais ? Ch’avais chamais remarqué que ta peau était si doush
Zapatero : Tout n’est-il pas plus intense quand on sent que la fin de carrière est proche ? Oh embrasse moi Mariano !

(blog spanishrevolution)

Représentation du premier ministre socialiste José Luis Zapatero (à gauche) et de Mariano Rajoy, le président du Partido Popular, de droite.

Le dessin se moque particulièrement de Mariano Rajoy – qui a réellement un cheveu sur la langue – et fait référence à une remarque de ce dernier, lors d’un meeting politique, sur l’augmentation de la TVA : “La TVA va augmenter sur les bonbons (los chuches) qu’achètent les enfants ! La TVA va augmenter pour tous les espagnols !” Son erreur grammaticale – il dira, los chuches au lieu de las chuches -  va tourner sur le web espagnol.

Comme BHL collectionne les tartes à la crème, Rajoy les mèmes sur le web.


Erreur du système (vocesconfutura)

#15M : Logement, retraite, chômage, minimum vital, hypothèques, corruption, banquiers.

(blog spanishrevolution)


La révolution s’écrit avec un #hashtag.

(vocesconfutura)


Nouvelle dosette pratique, efficacité maximum en politique. La force de nettoyage vient à bout de toutes les saletés.

(blog spanishrevolution)


1er dessin : “Nouvelle révolution, nouvelles armes”

2ème dessin : “Génération Ni-ni : ni travail, ni logement, ni retraite, ni futur”

“Non ! Sérieusement ? Et maintenant, où vais je trouver la place de ranger tous ces diplômes ?”

(blog spanishrevolution)

Peu de pain, beaucoup trop de chorizo.
Il s’agit ici du détournement du logo de la banque Santander, dont le dirigeant Emilio Botin est particulièrement visé par les manifestants, comme un des premiers responsable de la crise économique que subit le pays.

(voces con futura)

Expulsion pacifique : les ordres sont clairs , donnez leur du café avec des coups de massue

(blog spanishrevolution)

Un nouvel espoir contre la corruption politique (Détournement de Star Wars)

(blog spanishrevolution)


(blog spanishrevolution)

“Désolé Mario, mais ta démocratie est dans un autre château.”

(blog spanishrevolution)

Référence au jeu vidéo de Nintendo Marioland.

#democraciarealya (une démocratie réelle maintenant)

#acampadasevilla (campement de la ville de Séville)

#setasrevueltas (champignon retournés)


Système SOLaire

(voceconfutura)


Les affiches sont disponibles au téléchargement sur les sites de Spanish Revolution et Voces Con Futura.

Retrouver notre dossier sur la démocratie réelle en Espagne :

La voix graphique de l’Espagne
Comprendre la révolution espagnole

Notre précédent dossier, du 21 mai 2011, sur la naissance du mouvement.

Tout les articles concernant l’Espagne sur Owni /-)

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http://owni.fr/2011/06/04/la-voix-graphique-de-lespagne/feed/ 17
Les propositions de ¡Democracia Real Ya! http://owni.fr/2011/06/01/les-propositions-de-%c2%a1democracia-real-ya/ http://owni.fr/2011/06/01/les-propositions-de-%c2%a1democracia-real-ya/#comments Wed, 01 Jun 2011 09:40:24 +0000 Admin http://owni.fr/?p=65414

Nous avions publié le manifeste du collectif  ¡Democracia real ya! la semaine précédente, voici les propositions, votées en assemblée le 19 mai sur la place Sol à Madrid.

Elles abordent sept points en détail : la classe politique, les banques, les services publics, la démocratie participative, les impôts, le chômage et le logement. Les demandes principales concernent le changement de la loi électorale, une loi de responsabilité politique qui oblige les élus à rendre des comptes, l’augmentation du salaire minimum, le maintien des services publics.

La prochaine étape pour le mouvement concerne l’occupation de la place Sol, la décision devrait être prise cette semaine. Pour le moment, la décision a été prise de restructurer le campement [es]. Ce matin, le ministre de l’intérieur Alfredo Perez Rubalcaba a averti les manifestants qu’ils ne pourraient pas rester plus longtemps sur la place” [es] en raison notamment de la perte de chiffre d’affaires des commerçants.

1. Suppression des privilèges de la classe politique

  • Contrôle stricte de l’absentéisme des élus à leurs différents postes. Sanctions spécifiques contre les abandons de postes.
  • Supression des avantages sur le paiement des impôts, les années de cotisation et le montant des retraites. Alignement du salaire des élus sur le salaire médian espagnol, en ajoutant les indemnités de déplacement qui sont nécessaires pour l’exercice de leurs fonctions.
  • Fin de l’immunité associée à la fonction d’élu. Les délits de corruptions seront imprescriptibles.
  • Publication obligatoire du patrimoine des élus.
  • Réduction des postes obtenus par nomination.

2. Lutte contre le chômage

  • Répartition du travail pour développer la réduction du temps de travail et un accord sur le travail jusqu’à élimination du chômage structurel, c’est à dire jusqu’à ce que le taux de chômage descende en dessous de 5%.
  • Retraite à 65 ans et aucune augmentation de l’âge de la retraite pour en finir avec le chômage des jeunes.
  • Bonus pour les entreprises qui comptent moins de 10% de contrats de travail temporaires
  • Sécurité de l’emploi : interdiction des licenciements collectifs dans les grandes entreprises qui font des bénéfices, et vérification de leurs comptes pour s’assurer que les travailleurs embauchés en CDD n’auraient pas pu l’être en CDI.
  • Rétablissement de l’allocation chômage de 426 € pour tous les chômeurs de longue durée.

3. Droit au logement

  • Expropriation par l’Etat des logements construits “en stock” et invendus pour les remettre sur le marché en tant que HLM.
  • Aide financière au logement pour les jeunes et toutes les personnes à revenus faibles.
  • Autoriser la donation de biens pour payer son logement et lever les hypothèques.

4. Services publics de qualité

  • Suppression des dépenses inutiles dans les administrations publiques et mise en place d’un système de contrôle indépendant des budgets et des dépenses.
  • Recrutement du personnel de santé pour en finir avec les listes d’attente.
  • Recrutement d’enseignants pour obtenir un nombre d’élèves par classe décent, et permettre le travail en petits groupes et les classes de soutien.
  • Réduction des frais de scolarité appliqué à tout l’enseignement universitaire, des troisièmes cycles aux 1ers cycles.
  • Financement public de la recherche afin de garantir son indépendance.
  • Des transports publics à un prix abordable pour tous, de qualité et respectueux de l’environnement : rétablissement des lignes de train classiques remplacées par l’AVE (ndlr : TGV espagnol), et de leur prix d’origine. Réduction du prix des tickets d’autobus. Restreindre la circulation automobile dans les centres urbains et construction de pistes cyclables .
  • Ressources sociales locales : mise en application de la loi sur la Dépendance, des réseaux municipaux de soins, des services locaux de médiation et de mise sous tutelle.

5. Contrôle des organismes bancaires

  • Interdiction de tout sauvetage ou injection de capital pour les organismes bancaires : les institutions en difficulté doivent faire faillite ou être nationalisées pour constituer une banque publique sous contrôle social.
  • Augmentation des impôts des banques proportionnellement aux dépenses sociales causées par la crise provoquée par leur mauvaise gestion.
  • Restitution au Trésor public de toutes les aides publiques reçues par les banques.
  • Interdiction pour les banques espagnoles d’investir dans les paradis fiscaux.
  • Régulation au moyen de sanctions des mauvaises pratiques bancaires et de la spéculation.

6. Fiscalité

  • Augmentation du taux d’imposition sur les grandes fortunes et les organismes bancaires.
  • Suppression des SICAV.
  • Rétablissement de l’impôt sur la fortune
  • Le contrôle réel et efficace de la fraude fiscale et la fuite des capitaux vers les paradis fiscaux.
  • Promouvoir au niveau international l’adoption d’une taxe sur les transactions financières internationales (taxe Tobin).

7. Libertés citoyennes et démocratie participative

  • Non au contrôle de l’Internet. Abolition de la Loi Sinde.
  • Protection de la liberté de l’information et du journalisme d’enquête.
  • Référendums obligatoires et contraignants  sur les questions de fond qui modifient les conditions de vie des citoyens.
  • Référendums obligatoires pour toutes les introductions de mesures dictées par l’Union européenne.
  • Amendement de la loi électorale afin de garantir un système réellement représentatif et proportionnel qui ne discrimine aucune force politique ou volonté sociale, et où les votes blancs et nuls seront également représentés au Parlement.
  • Indépendance du pouvoir judiciaire : réforme du Ministère public afin de garantir son indépendance, refus de la nomination par le pouvoir exécutif des membres de la Cour constitutionnelle et du Conseil général du pouvoir judiciaire.
  • Mise en place de mécanismes efficaces garantissant la démocratie interne au sein des partis politiques.

8. Réduction des dépenses militaires


L’affiche et le texte original en espagnol sont disponibles sur le site officiel de ¡Democracia Real Ya!
Traduction : Ophelia Noor /-)
Photos : Lucas Deve pour Owni /-)

Retrouvez tous les articles de notre précédente Une sur les mouvements sociaux espagnols et tous les articles sur l’Espagne.

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http://owni.fr/2011/06/01/les-propositions-de-%c2%a1democracia-real-ya/feed/ 22
Sol, ou quand l’impossible ne peut qu’advenir http://owni.fr/2011/05/31/sol-ou-quand-l%e2%80%99impossible-ne-peut-qu%e2%80%99advenir/ http://owni.fr/2011/05/31/sol-ou-quand-l%e2%80%99impossible-ne-peut-qu%e2%80%99advenir/#comments Tue, 31 May 2011 15:44:27 +0000 Marta Malo de Molina http://owni.fr/?p=65466

23/05 19H05 : Peu importe l'heure et l'affluence, le campement continue de grandir à chaque minute.

Ce texte de Marta Malo de Molina a été publié le 24 mai sur le site d’information Madrilonia.org. Il revient sur les évènements de Sol à Madrid au lendemain des élections municipales et régionales, remportées par le PP et marquées par un taux d’abstention record.

Depuis sa publication, l’assemblée de Sol [acampadasol] a décidé dimanche 29 mai dans la nuit, de prolonger la durée du campement jusqu’à la fin de cette semaine. Le mouvement ¡Democracia Real Ya! a pour sa part donné une conférence de presse lundi 30 mai [es] annonçant notamment un grand rassemblement international pour le 15 octobre 2011.

Owni se déplace à Madrid dans les jours qui viennent et vous rendra compte des suites du mouvement en direct de Sol et des assemblées de quartier.

Ecrire pour s’orienter, à la vitesse qu’impose le moment. Entre la poétique et la théorie, écrire pour apporter sa pierre à l’écriture collective du monde, pour contribuer, de l’intérieur, à la création de la place, pour prolonger cet événement qu’est Sol. Car oui, Sol a été un événement, l’un de ces surgissements inattendus qui redessinent la carte et ouvrent à nouveau l’horizon des possibles.

Le 15 mai, débordante de joie par le nombre des manifestants et la fraîcheur de l’atmosphère, une équipe de radio mobile interviewait quelques personnes : « Comment voyez-vous l’avenir ? » Beaucoup de réponses, en dépit de l’énergie ambiante, sont pessimistes : « sombre ». Lundi dernier [23 mai], quand la nouvelle du campement de Sol s’est répandue comme une traînée de poudre dans les réseaux sociaux, un participant d’une liste d’échanges de biens et services a écrit : « A quoi ça sert d’occuper la place, tant qu’il y en a qui continuent de faire leurs courses au Cortes Ingles à côté ? » Ca sert, car il ne s’agit pas de n’importe quelle occupation : le geste hardi de certains est devenu un signal pour beaucoup ; c’était « maintenant ou jamais », et la faim d’action a explosé, la faim de paroles.

23/05 04H25: "Cultive toi, toi aussi" peut-on lire sur le potager planté par les manifestants autour de la fontaine.

Graffiti : “l’impossible ne peut qu’advenir”


C’est la meilleure description de l’événement Sol. Partout la générosité, les sourires, des groupes d’amis qui décident « d’aller sur la place ensemble ». D’autres, l’instant d’avant étrangers,  sont devenus des compagnons à l’intérieur d’un mouvement, la place comme un aimant irrésistible… Un après-midi, le fils d’amis âgé d’un an et demi, s’est mis à crier « Sol ! Sol ! » ; nous nous étions éloignés et il réclamait ce Sol qui comptait tellement pour nous. Il y a dix jours personne n’aurait pu imaginer que Sol puisse représenter autre chose que le centre commercial et touristique d’une capitale européenne.

Sol, non comme lieu géographique mais comme événement inattendu, est venu ébranler deux des piliers de l’ordre des choses : d’un côté, il a brisé le consensus établi après la Transition, selon lequel l’actuel système de partis est le meilleur des systèmes de gouvernement et le remettre en question c’est ouvrir les vannes du chaos et de la dictature. Quand la journaliste Àngels Barceló [es] dit « nous ne devons pas céder à la tentation de mettre en cause l’actuel système démocratique », le mouvement insiste : « ce qu’ils appellent démocratie n’en n’est pas une». De l’autre, il rejette l’idée que la crise ne serait qu’un accident météorologique, et que la seule solution face à elle, serait de nous serrer la ceinture. Contre la gestion politique de la crise économique, Sol hurle « C’est du chantage, pas du sauvetage! » et désigne les responsables, politiciens au pouvoir et banquiers.

22/05 17H15: "Il ne nous représentent pas."

Ahuris, incapables de réaliser que « quelque chose est en train de bouger », acharnés à discréditer pour empêcher la contagion, les politiciens n’ont d’autre réponse  que le chantage des « alternatives » : « vous dites non, mais vous n’avez rien à proposer ». Ce qu’ils ignorent, c’est que, pour les générations sans avenir, l’incertitude face au lendemain est un vécu quotidien, et Sol nous permet, à tout le moins, de vivre collectivement cette incertitude. Il semblait évident que l’événement-Sol, et plus généralement le mouvement du 15 mai, ne pouvait qu’accentuer les tendances électorales ; et de fait la débâcle du Parti socialiste a été retentissante, y compris dans des villes, comme Madrid, déjà dirigées par le PP. Et maintenant ?

Les campements, celui de Sol et ceux des autres villes, continuent. Un ami dit : « Il ne s’agit plus d’aller dans la rue, il faut créer les places ». Sur la base de cette intuition, j’hasarderai l’hypothèse que la place ne se crée que si l’on insiste, si l’on approfondit les éléments qui l’ont rendue possible : en dénominateurs communs minimaux la critique du pouvoir politique, « Une vraie démocratie maintenant ! », et de sa gestion du pouvoir économique, « La crise doit être payée par ceux qui en sont responsables ! » ; la coopération du plus grand nombre comme force pratique qui rend la place réelle et tangible, qui rend le dénominateur commun minimal non seulement habitable mais délicieux, quelque chose qui vaut qu’on en fasse le pari. Contre l’auto-représentation des milliers de collectifs et de luttes qui existaient déjà, avec le risque de balkaniser les lieux, l’événement-Sol nous invite à chercher le  point de connexion, le lieu d’où contribuer à ce commun, en partant, bien sûr, de ce que nous sommes mais aussi de ce qui nous rassemble.

23/05 02H30: Lors de toutes les assemblées des traducteurs sourds-muets sont présents pour que tous puissent comprendre et participer.

“¡Pásalo!”

Et ce n’est pas tout. Le 15 mai a confirmé la force de cet acteur imprévisible que nous pouvons appeler « Faites passer ! » [¡pásalo!] . Le mouvement s’est auto-organisé avec cette exclamation simple et proliférante, dont la généalogie remonte aux mobilisations contre la guerre en Irak (en 2003), aux concentrations silencieuses du 13 mars 2004, pour exhorter le Parti populaire à dire la vérité sur les attentats de l’avant-veille à Madrid, ou encore la formation de V de vivienda en 2006.

Tout cela sans autre organisation que celle des réseaux d’amis et de coopération sociale, sans sigles ni programmes, avec des slogans simples et efficaces, en réaction contre un événement extérieur qui a fonctionné comme un rassembleur, un repère temporel, imposant l’urgence de sortir dans la rue (la guerre, les attentats du 11 mars, les élections…). Dès sa première apparition, beaucoup ont essayé de s’en emparer, faisant circuler des dates sur internet ; mais « Faites passer ! » [¡pásalo!] est un acteur méfiant, tout particulièrement des groupes organisés. Né de décennies de démobilisation politique, il insiste sur le pouvoir des « gens » des « personnes », du « peuple » ; il ne s’intéresse, en quelque sorte, qu’aux mobilisations peer-to-peer.

23/05 15H05: Au stand bibliothèque on trouve livres et journaux de tous bords. S'y cotoient "El Pais" et le très à droite "La Razon".

On a demandé à un garçon, arrivé de Bilbao à Sol après avoir suivi avec fascination ce qui s’y passait : « Et maintenant ? » Il a répondu :

Il ne faut pas avoir peur d’un épuisement du campement. Parfois les activistes, quand ils s’excitent sur quelque chose, s’y dévouent et l’étouffent, comme une mère hyper protectrice avec son enfant. Je ne suis pas un activiste, je vais m’en aller et retourner à ma vie, et quand quelque chose d’autre se passera je réapparaîtrai.

« Faites passer ! » [¡pásalo!] apparaît et disparaît. Comment contribuer sans étouffer. Comment habiter la (prévisible) diastole du mouvement sans angoisse. Comment apprendre à se rassembler en tant que partie prenante, certes infime, de l’acteur imprévisible. Ce sont toutes ces questions que Sol pose sur la table.

22/05 01H45 : Pelleteuse géante dans la nuit

Des amis argentins nous disent : « Tout ça est très intéressant, mais ce n’est pas l’Argentine en 2001. En 2001 ce sont ceux qui avaient été dépossédés par la crise qui ont pris la ville. Ici ce n’est pas le cas, on ne voit pas les signes de la crise ». Penser un mouvement en terme de « ce qui manque » n’a pas d’intérêt, ce qui importe c’est de penser à ce qu’apporte Sol à ceux qui ont été le plus touchés par la crise économique : ceux qui ont perdu leur maison, les chômeurs de longue durée, ceux qui sont en marge et ne peuvent plus participer à la consommation de biens de tous les jours, ceux qui, sans papiers, n’ont aucun espoir de régulariser leur situation parce qu’ils n’ont pas de contrat de travail, ou ceux qui ont des papiers mais qui les ont perdus parce qu’ils ne pouvaient pas cotiser suffisamment…

C’est ainsi que les zones sociales les plus concernées par « l’intervention sociale » sont les plus marquées par la désaffection politique… Ce sont les grandes inconnues de cette nouvelle ère inaugurée par les évènements de Sol. Comment tous ceux-là vont-ils s’(auto)-investir ? Le chemin sera long, mais le temps de la paralysie est derrière nous. Nous pouvons sourire.


Publié initialement sur Madrilonia.org
Photos de Lucas Deve pour Owni /-)
Traduction Isabelle St Saens Traduction additionnelle : Ophelia Noor



Marta Malo deMolina est une activiste espagnole. Elle participe à la revue internationale et transdisciplinaire Subjectivity et ces textes sont également disponibles sur le site de l’Université nomade de Madrid et l’institut européen pour des politiques culturelles progressistes.

Retrouvez tous les articles de notre précédente Une sur les mouvements sociaux espagnols et tous les articles sur l’Espagne.

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